Cette fois, Nathalie Dunet ne veut pas que son agresseur soit jugé à huis clos. Son demi-frère a fait appel du verdict des assises de la Somme le condamnant à 10 ans de réclusion.
Condamné à dix ans de réclusion criminelle pour des viols commis sur sa demi-sœur, par la cour d’assises de la Somme, Jacky Dunet, 48 ans est rejugé, en audience publique, par celle de l’Aisne. « Cette fois, je tiens à ce que le procès soit public. Je voudrais qu’il puisse inciter les personnes victimes de viol à porter plainte, afin de réduire ces situations, quelles que soient les difficultés qu’elles puissent rencontrer et les conséquences qu’elles en subissent. » La jeune femme de 34 ans qui s’exprime ainsi sait de quoi elle parle. Nathalie Dunet a payé le prix fort avant de s’asseoir sur le banc de la partie civile. « Lorsque j’ai parlé des faits à ma mère, elle m’a dit de me taire. Mes parents ont été alertés, en 1992, par le centre hospitalier. Mon père n’a pas voulu porter plainte, par crainte du scandale. Nous vivions sous le sceau du secret. »
Depuis – hormis l’un de ses frères qui a toujours cru en ses propos – elle a été bannie par sa famille. Sous son air calme, elle cache une véritable souffrance qu’elle exprime posément. En 2008, année du premier procès de son demi-frère, elle a perdu un bébé alors qu’elle était enceinte de cinq mois et demi ; « le stress » lui a dit le médecin.
Maman de deux aînés, elle a mis au monde, il y a un mois et demi, une petite fille née prématurément. Elle aurait dû venir au jour le 26 juin. C’est une petite puce qui pesait 2,3 kg à la naissance et qui a passé quinze jours dans le service de néonatalité. Toujours le stress face à ce second procès. Lorsqu’elle parle de ses trois enfants, le beau regard brun-vert de la jeune femme s’illumine de paillettes dorées.
Témoins défaillants, un vrai problème
En l’an 2000, la jeune femme dépose une plainte qui enclenche une procédure. Elle sera longue avant d’aboutir au procès de 2008 devant la cour d’assises d’Amiens. Elle affirme avoir subi des attouchements et des viols, commis par son demi-frère, dès l’âge de six à sept ans, à Villers-Saint-Paul dans l’Oise, puis à l’âge de dix ans au Tréport et à Mers-les-Bains en 1992.
Quelques phrases résument un dossier lourd de conséquences qui est examiné par la cour d’assises de l’Aisne depuis hier, lundi. Le verdict sera rendu mercredi. Entre-temps, l’homme qui comparaît – libre et sous contrôle judiciaire – dans le box est présumé innocent. Dès le début de l’audience, il a voulu à tout prix se justifier alors que la parole ne lui était pas donnée. Patiemment, la présidente Isabelle Seurin lui a rappelé qu’il aurait tout loisir de s’expliquer au cours des trois jours à venir. L’ouverture du procès a remis en question la défaillance des témoins. Sous des prétextes divers, et parfois discutables selon les avocats des deux parties, quatre d’entre eux ont fait savoir qu’ils ne répondraient pas à la convocation qui leur était adressée. « Je finis par garder pour moi mes observations », a déclaré Me Dorothée Fayen-Bourgois, avocate de la partie civile. « Je propose qu’on rentre à la maison », a dit Me Jérôme Crépin, avocat de la défense. Les deux parties n’ont pas renoncé à l’audition de ces témoins qui seront recontactés pour venir à la barre.
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AMIENS Un dossier de viol devant les assises de la Somme
« Après le viol, Dorothée pleurait tout le temps et n’arrivait pas à parler. De plus, elle a subi un traitement très lourd pour éviter qu’elle puisse être contaminée par une maladie sexuellement transmissible. Tu as gâché sa vie ! Salaud, tu ne te rends pas compte de ce que tu as fait ! »
Un jeune homme, mari de la victime, vient de s’effondrer à la barre des témoins de la cour d’assises de la Somme. Secoué par les larmes, il sort de la salle d’audience.
Dans le box des accusés, Jérôme Docquincourt baisse la tête. Depuis lundi, il fait face à la jeune femme qu’il a violée le 4 août 2004. Ce jour-là, tôt le matin, Dorothée allait sortir de chez elle lorsqu’elle s’est trouvée nez à nez avec un homme le visage dissimulé par une cagoule et armé d’un couteau. La victime a été violée ; 435 euros et sa carte bancaire lui ont été volés.
Sur la scène de crime, les policiers de l’identité judiciaire parvenaient à isoler un ADN ne correspondant ni à la victime, ni à celui de son fiancé de l’époque.
Prélèvement d’ADN
Méticuleusement, les enquêteurs de la sûreté départementale de la Somme vont retrouver tous les occupants de l’immeuble de la victime au moment des faits et les soumettre à un prélèvement d’ADN.
En 2006, une correspondance formelle est établie avec Jérôme Docquincourt. Interpellé et placé en garde à vue, il reconnaîtra les faits sans difficulté.
Qui est ce jeune homme né en 1981 ? Lundi, sous la conduite du président Samuel Grévin, les jurés de la Somme ont examiné sa personnalité.
Bien sûr, Jérôme Docquincourt n’est pas la victime dans ce dossier ; il a toute sa place dans le box des accusés. Mais lundi, on avait l’impression que l’accusé a été élevé par une mère, dépassée par les événements qui, alors qu’elle était séparée de son mari, a eu le plus grand mal à comprendre son fils. Qu’écrire du père de l’accusé qui ne savait même pas que son fils était en prison et qui dit qu’il n’a rien à dire sur lui ?
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