Petit blouson beige, pantalon gris, lunettes en métal foncé… Ce papy de 70 ans, retraité des Mines et de l’usine, ne pourrait pas faire de mal à une mouche. Mais c’est un prédateur quand il est devant une adolescente.

À Marly, ce grand-père a appelé au secours au mois de juillet. Sa femme, victime d’un accident vasculaire cérébral, venait de rentrer à la maison dans un état très grave. Pour pouvoir faire les courses et le ménage, il a prié l’un de ses fils de lui envoyer sa fille de 17 ans. Il a insisté pour qu’elle reste « nuit et jour ».

La jeune fille a accepté. Elle est arrivée à Marly le 21 juillet. Le premier soir, son papy lui a demandé de s’asseoir à côté de lui, sur une chaise, pour regarder la télévision. Il a posé sa main sur son genou. Il a fini par des caresses sur le sexe. Plus tard, il lui a fait la bise et ils sont allés se coucher. La jeune fille était allongée depuis une vingtaine de minutes quand il est monté à l’étage, a fermé toutes les portes et s’est couché dans le lit pour une personne. Elle a continué à lui tourner le dos mais elle a senti ses caresses. La peur l’a envahie. Elle s’est mise à pleurer. Le grand-père est alors parti, jurant de ne plus l’embêter. Un quart d’heure plus tard, il a remonté l’escalier. Cette fois, il a tenté de la convaincre : «  Réfléchis bien. Si tu dis oui, je te donne cinquante euros. Cent euros si tu veux. » La jeune fille a dit non. Dans ses dépositions, elle conclut : « D’ailleurs, je n’ai pas arrêté de le lui dire ».

Trois nuits de cauchemar

Le lendemain, au petit-déjeuner, le septuagénaire s’est confondu en excuses. Ça ne devait pas se reproduire. Ça s’est pourtant reproduit le soir, et le lendemain soir. Au bout de ces trois nuits cauchemardesques, la jeune fille a envoyé un message à son père pour qu’il vienne la rechercher. Elle l’a appelé et lui a raconté tout ce qui s’était passé. Le père s’est souvenu de certaines choses. La jeune fille a porté plainte.

Devant la barre du tribunal, le vieux monsieur a fait amende honorable. Il a tout reconnu. Il s’est une nouvelle fois excusé : « C’était des envies qui montaient, montaient. Je n’arrivais pas à résister. Je pensais que cela allait s’éteindre à la longue… » Car la libido du papy n’a pas déraillé avec l’âge. Elle était déjà bien perverse trente ans plus tôt. Ses filles, pendant l’enquête préliminaire, ont raconté des viols répétés entre 9 et 16 ans. Il les a reconnus. Ces faits extrêmement graves n’avaient jamais été dénoncés. Ils sont aujourd’hui prescrits. « Ça vous aurait valu vingt ans et la cour d’assises » a assené le président.

« Nous devons quand même en tenir compte car ils décrivent la personnalité du prévenu. Il serait inadmissible qu’il passe une nouvelle fois à travers les mailles du filet d’autant que l’expert psychiatre le décrit comme un prédateur sexuel potentiel notamment pour les jeunes filles de son entourage » s’est exclamé le procureur. Cette charge a fortement déplu à l’avocat de la défense qui a demandé au tribunal de rester concentré sur le dossier tel qu’il était et non pas comme il aurait dû l’être : « On tient pour acquises des choses qui ne le sont pas… » Le tribunal a cependant suivi les réquisitions. Le grand-père incestueux a été condamné à trois ans de prison dont deux assortis d’un sursis et d’une mise à l’épreuve avec obligation de soins. Il lui est désormais interdit d’approcher sa petite-fille et il devra lui verser 3 000 E pour le préjudice moral.

DIANE LENGLET

samedi 15.08.2009, 04:43 La Voix du Nord

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