LE MONDE | 22.04.10 | 15h49  •  Mis à jour le 22.04.10 | 15h49

e tueur le plus célèbre d’Australie a été assassiné en prison, suscitant des questions sur le système pénitentiaire et provoquant une tempête médiatique. Lundi 19 avril, en début d’après-midi, Carl Williams, condamné à 35 ans de prison pour le meurtre de quatre hommes, a été roué de coups par un codétenu, provoquant sa mort dans le quartier de haute sécurité de la prison de Barwon, dans l’Etat du Victoria.

Le meurtre de Carl Williams, 39 ans, pourrait être un dernier épisode dans la guerre des gangs qui a ensanglanté le milieu de la drogue du Victoria durant une décennie. Carl Williams, issu d’une banlieue populaire de Melbourne, s’était d’abord allié avec la famille Moran, qui régnait sur le trafic de drogues depuis trente ans. Après des querelles de pouvoir, les affrontements avaient commencé. Entre 1997 et 2006, 28 personnes avaient été tuées dans cette guerre des clans. A son arrestation en 2004, Carl Williams se trouvait à la tête d’un empire de plusieurs millions de dollars et était devenu l’un des caïds les plus puissants du pays. Lors de son procès en 2007, il avait reconnu le meurtre de quatre membres du gang rival, dont trois membres de la famille Moran. Mais la police le soupçonne d’avoir commandité au moins dix assassinats.

Carl Williams fascinait les médias australiens. Apparaissant le sourire aux lèvres au cours de son procès, il avait gagné le surnom de Smiling Assassin, l'”Assassin souriant”. Son visage rond, enfantin, lui avait aussi valu d’être appelé le baby-faced killer, le “meurtrier au visage de bébé”.

NOMBREUSES INTERROGATIONS

Tout comme lui, son ex-épouse, Roberta, avait l’art de plaire aux tabloïds, s’affichant même dénudée dans un magazine masculin. Un feuilleton télé populaire avait été créé sur la guerre des gangs. Cette série, qui en est actuellement à sa troisième saison, a été interdite de diffusion dans le Victoria pour ne pas influencer les jurés lors de prochains procès.

Cette mort a étonné le pays. Le codétenu meurtrier, avec lequel Carl Williams semblait en bons termes, a été inculpé mais de nombreuses interrogations demeurent. Un surveillant était ainsi posté à quelques mètres de l’endroit où le crime a eu lieu. Si ses motifs sont encore inconnus, les spéculations abondent dans les journaux australiens. On parle ainsi de corruption de la police et de liens avec d’autres affaires, car l’homme devait témoigner dans d’autres procès. Plusieurs enquêtes ont été ouvertes. “Nous sommes très inquiets qu’un criminel si notoire ait été tué. C’est pourquoi il y a toutes ces enquêtes, nous voulons savoir de quoi il retourne”, a déclaré le ministre de la police du Victoria, Bob Cameron.

Si beaucoup, dans le monde judiciaire, exigent une enquête d’une commission royale, de nombreux Australiens estiment que l'”assassin souriant” a mérité son sort. Une opinion qui semble être partagée par le dirigeant de l’Etat du Victoria, John Brumby. “Il y a eu des appels à une commission royale. Mais pour être honnête, même si ce qui a eu lieu en prison est inacceptable, la personne concernée était un tueur en série”, a-t-il déclaré.

Marie-Morgane Le Moël (Sydney, correspondance
Article paru dans l’édition du 23.04.10

AP

Le père d”une collégienne, qui avait giflé une conseillère principale d”éducation d”un collège de Cugnaux (Haute-Garonne), a été condamné mercredi à cinq mois de prison, dont trois avec sursis, par le tribunal correctionnel de Toulouse. 

Poursuivi pour “violence aggravée”, “violence”, “outrage” et “intrusion non autorisée dans l”enceinte d”un Jeux de roulette établissement scolaire”, ce père de famille de 41 ans, qui a déjà effectué plus d”un mois de détention provisoire, a également été condamné à une amende de 200 euros. Un jugement strictement conforme aux réquisitions du parquet.

Il sera libéré dans onze jours, une “fois que la peine sera définitive”, a-t-on appris auprès de son avocate, Me Axelle Chorier.

Lors de son procès, cet entrepreneur en maçonnerie a expliqué être intervenu pour “défendre” sa fille, mais a reconnu avoir “mal réagi”, sous le coup de “l”énervement”.

Le 10 mars dernier, sa fille de 16 ans, fraîchement exclue de son cours d”anglais au collège Montesquieu de Cugnaux, avait appelé son père en affirmant avoir été frappée. Une fois celui-ci arrivé, l”adolescente avait désigné la CPE comme l”auteur de la gifle qu”elle avait reçue. Un geste par ailleurs nié par la fonctionnaire et qui n”a été confirmé par aucun témoin.

Le père avait alors violenté l”agent de l”Education nationale en lui portant notamment une gifle. A l”issue de cet incident, les enseignants du collège de Cugnaux avaient fait valoir leur “droit de retrait”.

Convoqué par les gendarmes et placé en garde à vue au lendemain des faits, le père de la collégienne avait fait l”objet d”une procédure de comparution immédiate au cours de laquelle le tribunal avait ordonné une expertise psychologique. Il avait été placé en détention provisoire le 12 mars à la suite de l”audience. AP

AP

Le juge d’instruction, menacée de disparaître dans la future réforme de la procédure pénale, fête mardi ses 200 ans.

“Vieille idée en effet que celle de supprimer le juge d’instruction, depuis la création de son ancêtre, il y a 200 ans. Et pourtant, cette institution, bousculée parfois, critiquée toujours (…) est encore debout”, estime l’Association française des magistrats instructeurs (AFMI) dans un communiqué.

L’association s’oppose depuis le début à la réforme de la procédure pénale qui prévoit entre autre la suppression du juge d’instruction avec des enquêtes réalisées uniquement par le parquet et la création d’un juge de l’enquête et des libertés (JEL) pour contrôler celles-ci. Pour Marc Trévidic, président de l’AFMI, “la suppression du juge d’instruction est révélateur du ras-le-bol général car il passe pour le dernier bastion de résistance”.

Lors de la journée Justice morte du 14 mars dernier, les juges d’instruction antiterroriste Gilbert Thiel et financier Renaud van Ruymbeke avaient dénoncé la mainmise du pouvoir sur la justice. “Qu’on fasse confiance à la justice et qu’on préserve son indépendance”, avait dit M. Van Ruymbeke.

Le juge d’instruction créé en 1810 est alors un officier de police judiciaire, placé sous les ordres du parquet, avant de devenir en 1856 à la fois enquêteur et juge. Le Code de procédure pénale de 1958 le rend indépendant, inamovible, supprimant le lien avec le parquet. Depuis 1959, il dirige ses enquêtes de manière indépendante.

Selon l’AFMI, “l’indépendance statutaire” du juge d’instruction “constitutionnellement garantie, associée à une disparition progressive de l’inquisitoire vers le seul lieu d’accusatoire avant jugement aujourd’hui, le rend indispensable à l’équilibre de la procédure pénale française”. AP


Ce Néo-Zélandais a été reconnu coupable de négligence et condamné à une amende de 105 euros. L’enfant de 18 mois est resté enfermé 40 minutes.

Un club de strip-tease (AFP) Un club de strip-tease (AFP)

Un Néo-Zélandais qui avait laissé son petit garçon de 18 mois sans surveillance dans sa voiture alors qu’il se rendait dans un club de strip-tease a été condamné à une amende de 200 dollars néo-zélandais (105 euros). Wayne Ricardo Schwamm, 42 ans, a plaidé coupable de négligence lundi 19 avril devant un tribunal de Wellington. Son avocat a assuré qu’il s’était rendu au club pour venir chercher un ami qui travaillait là.

Les faits se sont déroulés le 13 avril. Selon la police, Le bébé, qui souffre d’un problème cardiaque, est resté enfermé dans la voiture, vitres fermées, pendant une quarantaine de minutes avant qu’un passant ne le remarque vers 3h du matin et n’appelle les autorités. L’enfant a été emmené à l’hôpital et son père a été retrouvé peu de temps après dans le club de strip-tease.

L’avocat de Schwamm, John Tannerhill, a précisé qu’il s’était rendu au club pour récupérer un ami afin d’évoquer avec lui un problème impliquant la mère de l’enfant. Il est resté plus longtemps que prévu car l’ami devait travailler plus longtemps. Schwam n’a pas cédé à des “fantasmes” dans le club, a affirmé l’avocat devant le tribunal. “A première vue”, cette histoire “semble plutôt sinistre, mais elle ne l’est pas”, a-t-il ajouté.

Les services de protection de l’enfance s’occupaient toujours de l’enfant lundi, cherchant avec des proches des solutions sur son avenir.

(Nouvelobs.com avec AP)

AP

Les protagonistes d’un trafic international de cocaïne, mettant en présence 14 prévenus, dont plusieurs figures du banditisme marseillais, deux membres présumés de la Camorra napolitaine et des exportateurs sud-américains, ont été condamnés mardi par le tribunal correctionnel de Marseille à des peine de 6 à 14 ans de prison ferme. 

A la tête du trafic, Dominique Lortal, un Perpignanais de 52 ans longtemps propriétaire de restaurants dans le Sud-Ouest, qui vivait dans un appartement luxueux de 120m2 dans le XVIe arrondissement de Paris a été condamné à la plus lourde peine, soit 14 ans de prison ainsi qu’une amende de 300.000 euros. Il était impliqué dans l’importation en janvier 2008 depuis le Pérou d’un conteneur dans lequel se trouvaient 176 kilos de cocaïne.

Guy Teboule, 66 ans, son associé, déjà connu pour escroquerie, qui avait monté une véritable structure fictive destinée à importer la marchandise sous couvert d’une société de transport, a été condamné pour sa part à dix ans de prison et à la même peine d’amande.

La drogue avait été dissimulée dans des cylindres de plomb au milieu de madriers de bois et aucun scanner n’avait jusque-là permis de la déceler. La transaction devait rapporter aux trafiquants la bagatelle d’un million d’euros. Plusieurs autres projets d’importation depuis l’Amérique latine à destination de la France étaient visés par la procédure. La cocaïne importée était pure à 98%, ce qui, pour l’accusation, démontre la singulière proximité des trafiquants français de la source latino-américaine.

Deux membres présumés de la Camorra, Giovanni Civile, alias Pascal, 64 ans, un Italien résidant au Venezuela, et son cousin, Umberto Navignia, 61 ans, un Napolitain assigné à résidence, ont été respectivement condamnés à des peines de 6 à 10 ans de prison. Le tribunal a en outre prononcé la confiscation de tous les fonds saisis dans la procédure et décidé de les affecter au fonds de concours du ministère de la Santé géré par la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT). Trois des quatre prévenus ont par ailleurs été relaxés. AP

samedi 17.04.2010, 05:04 – La Voix du Nord

 L L”acteur Philippe Torreton a été choisi pour camper le rôle d”Alain Marécaux, cet huissier de justice broyé par l”affaire d”Outreau.

|  CINÉMA |

S”il a démarré discrètement dans les Weppes (à Salomé, entre Lille et Béthune) il y a deux petites semaines, c”est mardi prochain (ainsi que vraisemblablement le 6 mai) à Cambrai, presque aussi secrètement, que le tournage de « Présumé coupable » se poursuivra. …

Présumé coupable, c”est ce film inspiré du livre Chronique de mon erreur judiciaire, d”Alain Marécaux, l”huissier de justice accusé puis acquitté dans la tristement célèbre affaire d”Outreau, qu”est en train de mettre en bobines Vincent Garenq ( Comme les autres, avec Lambert Wilson et Pascal Elbé, narrant l”adoption d”un enfant par un couple homosexuel).

C”est l”acteur Philippe Torreton qui a été choisi pour camper sur grand écran les traits de cet homme dont la vie se sera arrêtée un matin à 6 h 30 et qui aura ensuite vécu un véritable calvaire. C”est le récit d”une vie broyée qu”il livre dans ce bouquin intense en émotion… Comme le soulignait dans nos colonnes (La Voix du Nord du 4 février 2010) notre confrère et grand reporter Éric Dussart, qui a couvert l”affaire d”Outreau, « les autres acquittés de cette affaire n”ont pas sauté de joie à la nouvelle de l”adaptation au cinéma de ce livre. S”ils sont tous d”accord depuis des mois pour dénoncer In a sponsored program, a truck defensive driving austin company will partially or completely. le manque de réforme, certains craignent que le film rouvre des blessures qui ont beaucoup de mal à se refermer ». Alain Marécaux, lui, à défaut comme ses compagnons d”infortune de s”en servir pour exorciser le souvenir de cette galère et de panser des plaies qu”il sera de toute façon difficile de cicatriser un jour, y voit notamment le moyen de « réveiller les consciences ». Et de témoigner aussi de son envie que le film aide à faire enfin bouger les choses. Car « au moment de l”acquittement, c”était l”euphorie ! On allait réformer, mettre la justice en bon ordre. Il y a eu une réformette sous Pascal Clément puis plus rien. Il faut donc dire à nouveau à tout le monde que tout cela peut arriver ! » Mais revenons-en au tournage programmé mardi à Cambrai. Pas de photos et pas d”interviews avec les acteurs ni avec les techniciens : le message est clair. On peut certes parler du film, mais la production ne communiquera pas davantage. « On souhaite ménager l”effet de surprise sur tout ce qui entoure le tournage, explique une porte-parole. Et on espère aussi que les gens qui verront que l”on tourne ce mardi à Cambrai le comprendront, en n”essayant pas de voler des clichés ou autres ! » Lors de ces journées de tournage cambrésien, il sera question, autour de l”hôtel de ville, de recréer au plus juste la couverture médiatique qui était présente lors des arrivées et départs d”Alain Marecaux et du juge Burgaud des tribunaux de Boulogne-sur-Mer et Saint-Omer. Pourquoi donc alors avoir choisi Cambrai ? Pour des raisons esthétiques et pratiques.

Rappelons que le Cambrésis avait déjà servi, il y a trois ans, de décor de tournage au film de Xavier Giannoli, À l”origine, lui aussi inspiré d”une histoire vraie et contant le drôle de destin d”un escroc des BTP, découvrant par hasard un chantier d”autoroute abandonné, arrêté depuis des années par des écologistes qui voulaient sauver une colonie de scarabées… • H. Fé.

jeudi 8 avr, 14 h 28

L’un des cinq accusés pour le meurtre de Nina Courtepatte à Edmonton en avril 2005, Michael Briscoe, subira un deuxième procès. L’homme de 40 ans avait dans un premier temps été innocenté.

Dans un jugement rendu jeudi, la Cour suprême du Canada ordonne toutefois un autre procès pour Michael Briscoe. Le plus haut tribunal au pays partage l’avis de la Cour d’appel qui a infirmé l’acquittement en concluant que le juge au premier procès avait commis une erreur de droit.

Par ailleurs, la Cour suprême confirme le verdict de culpabilité de Joseph Laboucan pour meurtre de Nina Courtepatte.

En avril 2005, la fille de 13 ans a été attirée du West Edmonton Mall vers un terrain de golf d’Edmonton, où elle a été violée, battue et tuée.

Joseph Laboucan a été reconnu coupable, en 2007, de meurtre prémédité, d’agression sexuelle et d’enlèvement dans cette affaire. En janvier dernier, une autre accusée, Stephanie Bird, a été condamnée à la prison à vie, sans possibilité de libération avant 10 ans.

AP

La Garde des Sceaux Michèle Alliot-Marie présentera “très prochainement” les options retenues pour améliorer l’avant-projet de réforme de la procédure pénale après avoir étudié les propositions formulées notamment par les hauts magistrats de la Cour de cassation, selon la Chancellerie.

“A aucun moment on n’a demandé aux magistrats, aux policiers aux avocats, aux associations de victimes de donner un blanc-seing immédiatement à l’avant-projet de réforme”, a déclaré le porte-parole du ministère de la Justice Guillaume Didier, interrogé samedi sur France-Info. “Donc au contraire, nous nous félicitons que enfin les magistrats, les avocats se soient emparés de cette réforme et fassent des propositions”.

Selon le site de l’hebdomadaire “Le Point”, lepoint.fr, qui dit avoir eu connaissance de l’avis rendu vendredi par les hauts magistrats de la Cour de cassation, ces derniers considèrent que l’avant-projet de loi de Michèle-Alliot Marie “ne garantit pas suffisamment les équilibres institutionnels et l’exercice des droits de la défense et des victimes”. D’après le site, ils estiment notamment que “le contrôle de la garde à vue ne peut dépendre de l’autorité de poursuite”, à savoir du parquet et de ses représentants.

Toujours selon le site, ils considèrent également que le juge de l’enquête et des libertés, qui serait chargé dans le projet d’exercer un contrôle des enquêtes conduites par le parquet, doit avoir dans le futur système “une permanence d’intervention” dans les investigations.

Enfin, ils évoqueraient, selon lepoint.fr un risque de “paralysie” de certaines enquêtes en raison de la complexité de la procédure envisagée et jugeraient “critiquable” de remettre en cause les délais de prescription, en particulier celui du délit d’abus de biens sociaux.

“Nous allons prendre connaissance de ces nombreuses propositions”, a commenté Guillaume Didier, “d’ores et déjà, un certain nombre nous paraissent très intéressantes et le garde des Sceaux fera savoir très prochainement quelles sont les options que nous retenons pour encore améliorer le texte”.

Mais il n’est “pas question” de revenir sur la suppression du juge d’instruction, l’une des mesures-phare de la réforme. “Le statu-quo, ça il n’en est pas question”, a insisté Guillaume Didier. “Le juge d’instruction, c’est pas une conquête de la démocratie, on est un des derniers pays au monde à en avoir un”.

“En revanche, Michèle Alliot-Marie l’a toujours dit les propositions constructives qui vont dans le sens d’un meilleur équilibre des pouvoirs pour garantir l’efficacité de l’enquête, le respect du droit de la défense, le respect des droits des victimes et l’indépendance absolue de la justice, toutes ces propositions seront retenues”, a-t-il promis. AP

sb/

Le sénateur UMP des Hauts-de-Seine et ancien ministre de l’Intérieur comparaît pour deux semaines devant la Cour de justice de la République pour des faits présumés de corruption.

Deux semaines qui s’annoncent pénibles pour le sénateur UMP des Hauts-de-Seine Charles Pasqua. Il comparaît à partir de lundi 19 avril devant la Cour de justice de la République (CJR) pour des faits présumés de corruption qui remontent à l’époque où il était ministre de l’Intérieur entre 1993 et 1995.

A 83 ans, l’ancien ministre d’Edouard Balladur, figure emblématique de la droite française, sera l’unique prévenu de ce procès devant la seule juridiction compétente pour examiner des crimes et délits reprochés à un membre du gouvernement dans l’exercice de ses fonctions. Le verdict est attendu le 30 avril. Charles Pasqua encourt dix ans de prison, mais reste protégé par son immunité parlementaire et pourra encore engager un recours.

Corruption massive, recel d’abus de biens sociaux

Quinze juges devront déterminer quel rôle a joué le vieux lion politique dans trois dossiers. Dans l’affaire dite du casino d’Annemasse, Charles Pasqua est accusé d’avoir, en 1994, accordé à des proches l’autorisation d’exploiter cet établissement de jeux, en échange d’un financement politique ultérieur. Il est renvoyé pour corruption passive.

En 1994 toujours, le ministre a signé un agrément autorisant le déménagement d’une entité de GEC-Alsthom. Un pot-de-vin a été versé à un proche de Charles Pasqua. L’homme politique est soupçonné d’en être l’ordonnateur. Il est mis en examen pour complicité et recel d’abus de biens sociaux.

La même qualification a été retenue dans le dossier de la Sofremi, société d’exportation de matériel militaire qui dépendait du ministère de l’Intérieur. Là encore, des commissions illicites ont bénéficié à l’entourage du ministre.

Mauvais présages

Ces trois affaires ont déjà été jugées par des juridictions de droit commun : d’autres protagonistes -hommes d’affaires, cadres d’entreprise, hauts fonctionnaires- ont été condamnés pour leur participation à ces malversations.

Charles Pasqua lui-même a écopé de 18 mois de prison avec sursis dans le volet non ministériel du dossier du casino d’Annemasse, première peine définitive au casier de l’élu.

L’ancien ministre qui ne semble pas se faire d’illusion sur l’issue du procès devant la CJR : “(…) J’ai le sentiment que tout est réglé d’avance, comme une formalité”, a-t-il confié au Point, estimant sa condamnation “inéluctable”.

“Tout a été fait pour m’abattre”

Sa défense va soutenir que le sénateur est victime d’un règlement de comptes politique. “Ce que je sais, c’est que mes ennuis judiciaires ont commencé en 2000, quand j’ai laissé entendre que je serais peut-être candidat à la présidentielle de 2002. Dès lors, tout a été fait pour m’abattre (…)”, a-t-il ajouté au Point.

“On veut faire de Pasqua un mafieux, le juger en fonction d’une légende sulfureuse totalement fausse. Le procès permettra de dire qui il est vraiment”, promet l’un de ses avocats Me Léon Lev Forster.

Le sénateur clame son innocence. “Les enquêteurs ont cherché partout, à aucun moment, ils n’ont pu prouver que Charles Pasqua avait bénéficié de quoi que ce soit. Il n’y a que des déclarations de certains témoins qui se basent sur des ‘on dit'”, dénonce l’avocat.

Beau monde politique appelé à la barre

Cinquante-sept témoins seront appelés à la barre, dont des figures du monde politique: le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, ancien directeur adjoint du cabinet du ministre, Philippe de Villiers qui s’était allié à Pasqua lors de la création du RPF, Jean-Marc Sauvé, vice président du Conseil d’Etat, sont attendus dès le deuxième jour. Henri Guaino, conseiller de Nicolas Sarkozy, Pierre Falcone, incarcéré dans l’affaire de l’Angolagate, et le fils de Charles Pasqua témoigneront la deuxième semaine.

Une juridiction exceptionnelle

Charles Pasqua sera le sixième ministre à comparaître devant la CJR. Cette juridiction exceptionnelle avait jugé en 1999 l’ancien Premier ministre Laurent Fabius, l’ancienne ministre des Affaires sociales Georgina Dufoix et l’ancien secrétaire d’Etat à la Santé Edmond Hervé, en fonction dans les années 1980 au moment de l’affaire du sang contaminé. Laurent Fabius et Giorgina Dufoix avaient été relaxés et Edmond Hervé avait été condamné pour “manquement à une obligation de sécurité ou de prudence”, mais dispensé de peine.

L’ancien secrétaire d’Etat aux Handicapés de 1988 à 1993, Michel Gillibert, a été condamné en juillet 2004 à trois ans de prison avec sursis pour des détournements de fonds.

Ségolène Royal, alors ministre déléguée à la famille, a été relaxée en 2000 dans une affaire de diffamation l’opposant à des enseignants. Les décisions de la CJR peuvent faire l’objet d’un pourvoi en cassation.

(Nouvelobs.com)

Avant son procès, Pasqua évoque en souriant son pouvoir magique

Reuters

Avant son procès qui s’ouvre lundi prochain devant la Cour de justice de la République (CJR), l’ex-ministre de l’Intérieur Charles Pasqua réaffirme son innocence, s’estime victime de menées politiques et menace avec le sourire ceux qu’il juge responsables.

Le sénateur des Hauts-de-Seine, qui aura 83 ans dimanche, encourra jusqu’à dix ans de prison pour “corruption par personne dépositaire de l’autorité publique et complicité et recel d’abus de biens sociaux” dans trois dossiers remontant à 1993-1995, quand il était ministre de l’Intérieur.

“Je veux bien assumer une certaine culture du secret, c’est aussi sans doute un héritage de ma jeunesse. Mais de là à être présenté moi-même comme un corrompu ! Ceux qui font cela ne savent pas qu’ils prennent des risques, je pourrais leur jeter un sort”, dit-il dans un entretien au Point.

Prié de dire s’il est sérieux, il répond “parfaitement” en éclatant de rire, note le magazine, et assure ensuite que certains membres de sa famille en Corse avaient des dons magiques, qui leur ont permis des guérisons miraculeuses.

“Chez les Corses, on dit que ces pouvoirs se transmettent en héritage. Peut-être que je les ai utilisés contre certains… et qu’ils ne le savent pas encore”, ajoute-t-il.

Interrogé sur les éventuels dossiers qu’il pourrait détenir pour compromettre ses adversaires, il répond: “C’est du fantasme, comme le reste. Mais j’ai quand même un peu de mémoire.”

Le ministre de l’Intérieur des gouvernements de Jacques Chirac (1986-1988) et d’Edouard Balladur (1993-1995), qui a fondé ensuite son propre parti et a obtenu des succès sur un créneau “souverainiste” et anti-européen, juge que les procédures contre lui sont politiques.

Il estime en effet que c’est son projet de candidature contre Jacques Chirac à la présidentielle de 2002 qui a tout lancé et il met en cause le juge qui a instruit les affaires contre lui, Philippe Courroye.

“Ce que je sais, c’est que mes ennuis judiciaires ont commencé en 2000, quand j’ai laissé entendre que je serais peut-être candidat à la présidentielle de 2002. Dès lors, tout a été fait pour m’abattre et le juge Courroye a joué un rôle dans cette opération”, dit-il.

Il estime que “tout a été fait par avance pour sceller le résultat de ce procès”, car, remarque-t-il, les affaires qui le concernent ont déjà été jugées pour leurs volets concernant les autres prévenus. Il estime que les deux semaines de débats prévues sont trop courtes.

“En procédant ainsi, on veut faire de la CJR une chambre d’enregistrement. Je ne me laisserai pas faire”, dit-il.

Assuré, du fait de son immunité parlementaire, de sortir libre de l’audience même en cas de condamnation, il déclare qu’il poursuivra son action politique. “Après le procès, je reprendrai la parole sur tous les sujets qui me tiennent à coeur. J’ai un âme de combattant”, dit-il.

Thierry Lévêque, édité par Sophie Louet

AFP
12/04/2010 | Mise à jour : 19:03 Réagir
Un haut magistrat du tribunal municipal de Moscou, Edouard Tchouvachov, qui avait présidé plusieurs procès d’ultra-nationalistes, a été tué ce matin par balle dans son immeuble du centre de la capitale russe.

“Vers 08H50 (04H50 GMT) (…), un inconnu a tiré sur le juge fédéral du tribunal municipal de Moscou Edouard Tchouvachov, au deuxième étage du 24 rue Strelbichtchenski”, indique le comité d’enquête du Parquet russe dans un communiqué.

“L’homme, blessé par balle à la poitrine et à la tête, est mort sur place”, précise-t-il, ajoutant que l’auteur des coups de feu a pris la fuite. “Plusieurs versions de l’assassinat sont à l’étude, la principale est liée à son activité professionnelle”, précisent les enquêteurs.

De son côté, le président russe, Dmitri Medvedev, a déclaré que “tout le nécessaire” serait fait “pour que les organisateurs et les exécutants de ce crime cynique soient retrouvés et punis”, selon un bref communiqué du Kremlin.

Le juge faisait partie du collège chargé des affaires pénales. Il “examinait des affaires criminelles difficiles”, a déclaré sur la radio Echo de Moscou la porte-parole du tribunal municipal de Moscou, Anna Oussatcheva.