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Posted By Alexis Buisson On February 28, 2010 @ 9:52 pm In Actu et politique, Magazine | No Comments
C’est le début d’une procédure qui durera au mieux plusieurs mois, au pire des années. Les défenseurs de l’église Saint-Vincent de Paul, l’une des dernières églises francophones de New York, ont entamé mi-février une action en justice dans l’espoir de faire classer la petite église de Chelsea, menacée de destruction. Save Saint-Vincent de Paul et Citizens Emergency Committee to Preserve Preservation reprochent notamment à Robert Tierney, Chairman de la Landmarks Preservation Commission (LPC), l’organisme attribuant la désignation de « monument historique » aux sites new-yorkais qui en remplissent les critères, d’avoir outrepassé son mandat en décidant unilatéralement d’écarter la candidature de Saint-Vincent. Déposée en novembre 2006, celle-ci n’a donc pas pu faire l’objet d’un examen par la Commission, au cours d’une audition publique.
« Je ne demande qu’à aller devant la Commission pour défendre la candidature de Saint-Vincent. Mais on ne nous a même pas donné ce droit, souligne Olga Statz, avocate et secrétaire de Save Saint-Vincent de Paul, la non-profit qui lève des fonds pour le fonctionnement de l’église. Ce procès, parce qu’il questionne le fonctionnement même de la Commission, sera décisif pour toutes les organisations qui se battent pour la préservation de monuments historiques à New York.»
Fondée en 1841, l’église Saint-Vincent de Paul, située sur la 23ème rue entre les 6ème et 7ème avenues, est un trésor historique et architectural, affirment ses défenseurs. L’une des dernières églises francophones de New York, Saint-Vincent regorge de pièces d’architecture et d’ornements uniques, notamment des vitraux représentant l’histoire religieuse de la France et de fresques surplombant l’autel. Sous l’impulsion de son fondateur, le Père Annet Laffont l’église accueille des croyants francophones noirs comme blancs, riches comme pauvres, en quête d’un lieu de culte dans un pays qui n’était pas le leur. Cette tradition d’intégration se poursuit jusqu’à aujourd’hui, à l’heure de l’augmentation de la population d’Afrique francophone à New York. Au total, 64 nationalités différentes assisteraient aux messes francophones de Saint-Vincent.
Dans ce contexte, la décision de l’archevêché de New York, en 2002, de détruire l’église pour vendre la parcelle de terrain sur laquelle elle est installée depuis 1853, choque. La vente du terrain, au cœur de Chelsea, remplirait aisément les coffres de l’institution forcée à fusionner ou fermer des dizaines d’églises ces dernières années pour faire des économies. Mais c’était sans compter la levée de boucliers des fidèles et autres décideurs politiques, religieux et économiques français et américains. En 2006, les défenseurs de l’église entament des démarches auprès de la LPC pour faire classer le monument, ce qui la sauverait de la disparition. Jusqu’à aujourd’hui, les messes à Saint-Vincent se déroulent dans l’incertitude du lendemain.
A l’heure actuelle, les raisons qui auraient poussé Robert Tierney, de la LPC, à écarter la candidature de Saint-Vincent, sans se référer au reste de la Commission, ne sont pas claires. Les avocats de Save Saint-Vincent pointent à une possible collusion avec l’archevêché. Citizens Emergency Commitee to Preserve Preservation, une association new yorkaise qui milite pour la préservation de sites historiques, indique, elle, que Mr. Tierney est coutumier du fait. « Comme cela se passe trop souvent, le Chairman, et le Chairman seul, s’est arrogé le droit de ne pas organiser d’audition », regrette-t-elle dans un communiqué [2].
Jointe par French Morning, la LPC précise que Mr. Tierney, le directeur général de la LPC, le directeur des recherches et deux chercheurs ont évalué la candidature de Saint-Vincent à partir du dossier fourni et de données collectées par la Commission. Selon les résultats, l’église n’a pas rempli pas les critères pour être classée, indique un porte-parole citant notamment son actuelle façade construite en 1939 par un « architecte peu connu ». « Presque chaque lieu de culte à une signification particulière pour une communauté ou quartier (…) Nous devons être extrêmement sélectifs sur les lieux de cultes ».
Même si le verdict est favorable aux défenseurs de Saint-Vincent, la partie ne sera pas gagnée pour autant. Un tel jugement leur donnerait la possibilité de plaider pour la classification de l’église devant la Commission mais ne determinerait en rien sa décision. Le temps des réjouissances n’est pas encore arrivé.
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[2] communiqué: http://www.savelpc.org/2010/02/ceccp-and-save-st-vincent-file-suit.html