Troisième jour de procès pour Jacqueline Boissinot, accusée de complicité dans l’assassinat de son mari et toujours pas d’explications. Verdict ce soir.

Cour d’assises d’appel du Loiret

C ‘était vraiment la personne idéale pour se faire entourlouper, vient témoigner un des voisins de Guy Denizot. Au bout de trois jours de débats (NR de mardi et mercredi), il est encore très difficile de se forger une intime conviction. Une chose est sûre, Jacqueline Boissinot, poursuivie pour complicité dans l’assassinat de son mari, n’est pas du tout disposée à se laisser condamner.
Très à l’aise dans ses réponses, elle martèle : « Vous ne me laissez pas terminer ! » « Madame la présidente, vous commencez à me connaître. » « Je me suis déjà expliquée, je n’ai pas à revenir là-dessus. »
Les magistrats disposent de maigres indices. Pas d’arme, pas de témoin, pas d’aveux. Alors, qui a tué Guy Denizot ? Qui lui a porté les huit coups de couteau à son domicile de Vendôme en septembre 1993 ? Quelqu’un a-t-il commandité ce meurtre ? Si les questions sont inlassablement posées, elles ne trouvent aucune réponse.
Dans le box, assise sur un fauteuil, la parole facile, trop facile peut-être, Jacqueline Boissinot, sur laquelle plane l’éventualité d’une longue peine de réclusion criminelle, se bat bec et ongles. D’autant que des témoignages lui sont particulièrement défavorables.
Citée à la demande des parties civiles, une graphologue vient attester qu’un avenant au testament de Guy Denizot a été rédigé par sa veuve.
Dans l’après-midi, la présidente Catherine Paffenhoff revient à la charge. « Expliquez-nous. Des témoins, dont votre fils, nous disent que vous avez évoqué l’idée de recruter un tueur à gages ! » « Cela n’engage que lui », ne cesse de répondre l’accusée.
« Comment expliquer le témoignage de votre fils lorsqu’il dit à plusieurs reprises je l’ai regardée dans les yeux, maman, ce n’est pas toi qui l’as fait ? Pourquoi un doute germe-t-il dans son esprit ? »
L’accusée ne peut lui expliquer : « Je n’en sais rien. Parfois, on s’enferre dans un mensonge et on ne peut plus dire la vérité. »
« Madame la présidente, il faut écouter ma cliente, elle ne dit pas des mensonges », s’exclame Me Sandrine Audeval

L’audience suspendue

Mais poussée par les questions de la présidente, Jacqueline Boissinot finit par craquer. En pleurs, prise de tremblements. « Madame la présidente, votre questionnement n’est pas honnête ! »
La cour suspend l’audience.
A la reprise, c’est Me Trémolet de Villers qui revient à la charge : « Comment expliquez-vous que vous soyez allée déposer le testament chez le notaire, le 14 octobre 1993, soit un mois après la mort de votre mari ? » « C’est faux ! »
Aux interrogations, l’accusée répond parfois par d’autres questions, ce qui irrite l’avocat général. « Vous orientez les soupçons sur le neveu de la victime ! Vous vous ménagez un alibi, pourquoi ? Vous faites en sorte que l’on vous suive à la trace ! Que faisiez-vous entre le 20 et le 21 septembre 1993 ? »

“Je n’avais pas à me fabriquer un alibi”

« On ne m’a jamais posé la question, je n’avais pas à me fabriquer un alibi, je n’ai rien à prouver, je n’ai rien fait. »
« Madame Boissinot, une dernière question ! » « C’est toujours la dernière, répond l’accusée, je n’en peux plus. »
« Je vous rappelle qu’elle est poursuivie pour complicité », intervient Me Audeval.
« Il y a un certain acharnement, on me remet sur un tabouret d’accusée, Je vais essayer d’être calme ! Mais à Blois, on m’écoutait », ajoute l’accusée.
Aujourd’hui, place à la partie civile, au réquisitoire et à la plaidoirie de la défense. Le verdict est attendu dans la soirée.

Renaud Domenici

SOURCE

Vendredi 02 Octobre 2009

SAINT-QUENTIN Assises : l’acte gratuit réfuté par les parties civiles

Maître Catherine Pinchon (second plan) a démoli d'avancela stratégiede la défense.(Dessin B. Lefebvre)

Maître Catherine Pinchon (second plan) a démoli d’avancela stratégiede la défense.(Dessin B. Lefebvre)

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Séquence émotion hier matin au troisième jour du procès pour le meurtre de Michel Deguise en 2007 à Saint-Quentin. À la cour d’assises de l’Aisne, l’audition des parties civiles, notamment celle de la maman de la victime, ont été poignantes. Tous pleurent un jeune homme réputé pour son extrême gentillesse.

Si Alexis Grévin, un des deux accusés, avait entrouvert une porte sur une possible inconduite de la petite amie de Michel Deguise, celle-ci l’a très vite refermée. Elle a voulu couper court aux rumeurs qui ont circulé sur son compte à Saint-Quentin.

Certes, elle a eu une courte aventure avec le principal accusé, Alexis Grévin, mais elle a affirmé être restée fidèle à Michel Deguise. Elle a donné son point de vue sur le mobile du drame : « Michel avait une belle vie et Alexis une vie de m… e. » Laissée en suspens depuis mardi, sa partie civile a finalement été déclarée recevable hier.

Les experts n’ont pas apporté de réponse sur un mobile éventuel. Les examens psychologiques d’Alexis Grévin et de Yohan Levert – accusé de complicité – sont normaux. Ils n’ont décelé chez eux aucune pathologie, ni de dépendance toxicologique, ni haine, ni virulence. Leur culpabilité semble authentique et ils veulent assumer leurs responsabilités.

Le médecin légiste a déclaré que le geste d’Alexis Grévin se situait entre le faible et le moyen, en dépit de l’intensité de la blessure. De quoi renforcer la thèse de l’homicide involontaire pour la défense.

« Je suis en colère »

Face à ces résultats et à l’attitude des deux accusés, Me Catherine Pinchon, défenseur de la famille Deguise, a fait connaître, plus que de la déception, de la colère, parce que la famille de la victime n’a pas obtenu de réponse valable.
« Michel était un grand gaillard et un mot le définissait : gentil. Il était le fils parfait, le gendre idéal. »

Me Pinchon a mis en avant des évidences, celle de la mort d’une victime passive, face à un « égorgeur » qui l’avait choisie pour cible. Elle a démoli d’avance la stratégie de la défense. « Il n’y a pas de gratuité dans cet acte. Alexis Grévin n’a pas admis que celle avec laquelle il avait eu une relation, soit heureuse avec son compagnon et les circonstances de la soirée… l’alcool aidant. »

Échauffé au cours de cette nuit au Seven, une discothèque du Nord, Alexis Grévin aurait alors été dépassé par sa haine, comme un fauve bondit sur sa proie. « Que fait un fauve pour tuer ? Il s’en prend à la gorge de sa victime. C’est ce qu’a fait Alexis Grévin », a conclu Me Pinchon.

Le verdict sera rendu ce soir.

FRANÇOISE.-J. CHÉRUY

(AFP) – 

LE HAVRE — Le procès prévu jeudi matin de deux dirigeants de la CGT du Grand port maritime du Havre (GPMH) soupçonnés d’avoir détourné à leur profit de l’argent de leur syndicat a été renvoyé au 22 mars à la suite d’un incident de procédure.

Le tribunal correctionnel du Havre a pris cette décision à la suite de la nomination surprise mardi à la tête du syndicat d’un administrateur judiciaire qui s’est aussitôt porté partie civile. Le bureau du syndicat s’était jusqu’alors refusé à entamer une telle démarche en estimant que les deux dirigeants n’avaient rien à se reprocher.

Les juges ont estimé qu’un tel développement était de nature à avoir “une influence sur les intérêts de la défense” et ordonné le renvoi du procès comme le demandaient les avocats des prévenus, Patrick Deshayes, secrétaire général du syndicat et Brice Friboulet, adjoint et trésorier.

Poursuivis pour “escroquerie” et “abus de confiance”, les deux syndicalistes sont soupçonnés d’avoir utilisé l’argent du syndicat pour régler des dépenses personnelles. Le montant du préjudice est estimé à 63.000 euros auxquels s’ajouteraient des notes de frais non justifiées réglées par le GPMH, qui s’est porté partie civile.

Une manifestation de soutien aux deux syndicalistes a réuni jeudi matin devant le tribunal 100 personnes selon la police, 200 selon la CGT.

Copyright © 2009 AFP. Tous droits réservés.

Laurence de Charette

Le budget consacré à la Justice, en hausse de 3,4 %, s’élève à 6,8 milliards d’euros pour 2010.

Le ministère de la justice est l’un des rares à ne pas être concerné par les suppressions de postes (avec l’Enseignement supérieur): au contraire, 1.030 nouveaux postes sont prévus pour l’année prochaine. L’administration pénitentiaire, notamment, bénéficiera de 262 emplois supplémentaires. 380 postes de fonctionnaires catégorie B et C sont également ouverts pour permettre la reconversion des salariés des avoués – une profession qui va fusionner avec les avocats -, et leur intégration au sein des juridictions.

Le budget consacré à la Justice, en hausse de 3,4 %, s’élève à 6,8 milliards d’euros pour 2010. Il affiche deux axes prioritaires. D’abord, la mise en œuvre de la loi pénitentiaire. 153 millions d’euros seront affectés au programme immobilier de construction et de rénovation des établissements. Le plan de relance permettra de financer les travaux d’urgence lancés pour améliorer l’état des prisons, et un nouveau programme sera engagé pour fermer les établissements les plus vétustes, un programme de 11.000 places au moins selon le gouvernement.

La volonté d’augmenter les alternatives à l’incarcération se traduit par une hausse des crédits prévus pour le développement du bracelet électronique: 22 millions d’euros seront consacrés à la mise en fonction de 2.500 bracelets supplémentaires – ce qui devrait porter le nombre total de bracelets à 7.000 en 2010. Il s’agit d’une une hausse significative de près de 55%, puisqu’on compte cette année près de 4.500 bracelets.

Par ailleurs, le budget 2010 prévoit la mise en œuvre de la réforme de la carte judiciaire, avec une enveloppe de 100 millions d’euros. Cet effort comprend les investissements immobiliers (pour près de 77 millions) mais aussi les mesures d’accompagnement des personnels concernés par les fermetures de tribunaux, et des avocats.

Dès l’année prochaine seront lancée les travaux et études préalables au déménagement du tribunal de grande de grande instance de Paris

Par ailleurs, 71,5 millions seront consacrés à l’équipement informatique des juridictions, et notamment au développement de la visioconférence, ainsi qu’à la dématérialisation des échanges entre les tribunaux, les services de gendarmerie et de police, et les cabinets d’ avocats.

Un peu moins de 300 millions d’euros (299 millions exactement ) sont budgétés pour l’aide juridictionnelle qui permet l’accès à un avocat pour les plus démunis, sans préjuger de la réforme à venir: Michèle Alliot-Marie a chargé un groupe de travail de réfléchir aux suites à donner au rapport Darrois qui proposait une contribution de l’ensemble des professions du droit.

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PARIS

Budget justice: la CGT juge insuffisantes les créations d’emplois pour les prisons

Par AFP, publié le 01/10/2009 à 12:11 – mis à jour le 01/10/2009 à 12:16

PARIS – Le projet de budget 2010 pour la Justice “entérine la détérioration des conditions de travail” des personnels des prisons, en dépit des 1.100 créations d’emplois annoncées pour l’administration pénitentiaire, a estimé jeudi la CGT-Pénitentiaire.

Un gardien de prison le 2 avril 2009 devant à Corbas dans la banlieue de LyonAFP/Archives/Fred Dufour

Un gardien de prison le 2 avril 2009 devant à Corbas dans la banlieue de Lyon

Ce syndicat, troisième organisation de la profession, a estimé dans un communiqué que “tous les emplois supplémentaires sont absorbés par l?agrandissement du parc pénitentiaire“.

Selon lui, “plus de 1.200 postes seront nécessaires pour les nouveaux établissements“.

Non seulement le nombre d?emplois ne semble pas satisfaisant au regard de ces ouvertures“, mais “les effectifs des prisons existantes ne seront pas renforcés“, a-t-il regretté.

Concrètement, ce budget entérine la détérioration des conditions de travail de tous les personnels“, ajoute-t-il.

Malgré les grands mouvements de protestions des travailleurs sociaux de 2008/2009, des personnels de surveillance de 2009, le ministère continue à occulter la désespérance des personnels, le délabrement du système judiciaire et pénitentiaire“, a-t-il jugé.

Le projet de budget 2010 prévoit d’allouer 6,86 milliards d’euros à la Justice (+3,4%), pour poursuivre la rénovation des prisons, financer les aménagements de peine, les bracelets électroniques, et faire face au coût de la refonte de la carte judiciaire. Comme en 2009, les créations d’emplois concernent principalement l’Administration pénitentiaire (AP)

Montmirail

Jugé par la cour d’assises de la Marne pour avoir tué sa femme Christelle de 27 coups de couteau le 1er juillet 2007 à Montmirail, Diego Schuler encourt la perpétuité.

«ON ne quitte pas Diego Schuler ! On reste marié à lui, ou on meurt… » Estelle Rolland ne mâche pas ses mots lorsqu’il s’agit d’évoquer la personnalité de Diego Schuler. Cet homme que la justice s’apprête à juger à partir d’aujourd’hui, doit répondre du meurtre de son épouse Christelle, tuée de 27 coups de couteau le 1er juillet 2007 à leur domicile de Montmirail.
D’abord l’avocate de Christelle Schuler, avant sa mort tragique, Me Rolland défendra durant deux jours les intérêts de trois des cinq enfants du couple aujourd’hui âgés de 9 à 17 ans. C’est Me Roger qui assistera les deux plus jeunes.
Une mère exemplaire
En 2005, tout va bien pour la famille Schuler. Christelle et Diego acquièrent une maison rue des écoles à Montmirail. Christelle décide alors de rependre une formation d’aide-soignante. Aujourd’hui, Estelle Rolland n’hésite d’ailleurs pas à la qualifier de « femme courageuse et de mère exemplaire ».
En février 2007, Diego est interpellé puis incarcéré pour des faits de violence sur ses enfants, faits pour lesquels deux ans plus tard (le 13 mai 2009), il sera condamné à trois ans prison pour ces faits.
Christelle entame alors une procédure de divorce et décide de quitter le foyer. De son côté, la justice ordonne au mari de se tenir éloigné de sa famille. Obligation qu’il décide de ne pas respecter. Le 1er juillet, il pénètre à leur domicile de Montmirail, désert. Ce dimanche matin, la jeune femme décide de revenir dans la capitale de la Brie champenoise afin de prendre quelques affaires pour elle et ses enfants. Ces derniers attendent dans la voiture du couple. On ne reverra jamais cette jeune maman de 34 ans vivante.

Que s’est-il passé derrière la porte de cette maison ? Sur place, les pompiers constatent de nombreuses blessures par arme blanche. Christelle Schuler vient de succomber à plus de 27 coups de couteau, « tous identifiés dans la région du cœur », insiste Me Rolland. Blessé à l’abdomen, le mari affirme que c’est son épouse qui lui a asséné le premier coup. C’est sans doute sur ce premier point que les avocats des parties civiles et de la défense s’affronteront. Me Busy, qui assure la défense de Diego Schuler remet en cause cette version (voir ci-dessous).

Chronique d’une mort annoncée
Si la préméditation a été écartée, Estelle Rolland n’hésite pourtant pas à parler « de chronique d’une mort annoncée ». L’avocate refuse d’ailleurs que le procès se tienne à huis clos. « Les enfants du couple seront présents à l’audience. Ils ont besoin de savoir ce qui s’est véritablement passé ce jour-là pour pouvoir se reconstruire. Le public, lui, doit savoir que Diego Schuler est un homme aux réactions excessives et qui ne se remet jamais en question. Il n’a jamais émis le moindre remords sur ses actes ».
Elle évoque ce fameux jour de mars 2008. « Lors de la reconstitution, il n’a cessé d’insulter tout le monde et a fait preuve de beaucoup de violence ». Pour la juriste, c’est clair, « la parole de Monsieur Schuler ne vaut rien ! ».
Une interrogation subsiste : Diego Schuler acceptera-t-il d’assister à son procès ? Avocats de la défense et des parties civiles l’espèrent. Mais rien n’est moins sûr. Prévenu dans un dossier de violences sur enfants, il avait refusé d’être extrait de sa cellule de la maison d’arrêt de Châlons-en-Champagne.

Réponse ce matin dès 9 heures à la cour d’assises de la Marne, à Reims.
Corinne Lange

SOURCE

Une vie qui bascule à Montmirail

« Je ne plaiderai pas la légitime défense… », affirme Me Busy, qui assure la défense de Diego Schuler. « Mais ce coup de couteau, il l’a véritablement pris et c’est d’ailleurs ce qui a provoqué sa réaction. Une chose est certaine, il n’était pas venu ce jour-là dans l’idée de tuer sa femme ».
A partir de 9 heures, l’avocat châlonnais tentera de couper court aux affirmations des parties civiles qui présentent son client comme quelqu’un d’impulsif. « Diego Schuler a conscience de la gravité des faits, d’avoir perdu l’amour de sa vie et ses enfants. Ce n’est pas quelqu’un de foncièrement mauvais. Il n’hésitait pas à rendre service. Il faut arrêter de le faire passer pour le méchant. Lui-même ne comprend pas pourquoi, il s’est autant acharné sur sa femme (Christelle Schuler a succombé à 27 coups de couteau). Il va devoir affronter cette réalité au procès et se retrouver face à ses enfants ».

Arranger les choses
Pour Sébastien Busy, « la vie de la famille Schuler a basculé en 2005, en arrivant à Montmirail. Un boulot qui le tient éloigné des siens. Des problèmes d’argent. L’engrenage infernal ».

Si la préméditation a été écartée, les parties civiles ayant fait appel de cette décision, le pénaliste précise : « Préméditation ou non, il encourt la même peine, c’est-à-dire la prison à perpétuité. Diego Schuler, en venant à Montmirail ce jour-là, pensait pouvoir arranger les choses entre eux et non tuer… »
C.L.

Laurence de Charette
Ambiance de salle au procès Colonna, en février dernier. Si la Cour décidait jeudi de suivre la démonstration de l'avocat spécialisé Patrice Spinosi, toute l'activité des cours d'assises s'en trouverait bouleversée.
Ambiance de salle au procès Colonna, en février dernier. Si la Cour décidait jeudi de suivre la démonstration de l’avocat spécialisé Patrice Spinosi, toute l’activité des cours d’assises s’en trouverait bouleversée. Crédits photo : Le Figaro

Aujourd’hui, l’accusé ne connaît pas les raisons de sa condamnation.

L’audience qui doit se tenir, jeudi matin, à la Cour de cassation, donne depuis quelques semaines des sueurs froides au gouvernement : la chambre criminelle va examiner une question centrale : faut-il, ou non, motiver les décisions des cours d’assises ? Le droit français, attaché au système de jury populaire, ne prévoit pour l’instant pas de motivation écrite des arrêts. Les jurés répondent par oui ou par non à une liste de questions dressées par le président de la cour, et se prononcent simplement selon leur «intime conviction».

Mais, le 13 janvier dernier, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a condamné la Belgique, dont la pratique est comparable. Les juges européens ont considéré que le Belge Richard Tasquet, condamné à 20 ans de prison pour l’assassinat du ministre André Cools, n’avait pas eu droit à «un procès équitable», car l’accusé n’avait pas pu connaître les raisons concrètes de sa condamnation – notamment parce que la formulation des questions posées aux jurés était «vague et abstraite». Le requérant ignorait «les motifs pour lesquels il a été répondu positivement aux questions, (…) alors qu’il niait toute implication», ont expliqué les juges européens. Une situation qui crée selon eux «l’impression d’une justice arbitraire et peu transparente».

Depuis lors, plusieurs dizaines de plaignants ont porté leur dossier devant la Cour de cassation française, lui demandant d’appliquer la jurisprudence européenne, et de casser leur condamnation, pour absence de motivation…

La Chancellerie réfléchit à un texte propre

L’affaire que doit examiner jeudi matin la chambre criminelle en formation plénière est la première du genre. L’avocat spécialisé Patrice Spinosi (également avocat d’Yvan Colonna) tentera de faire annuler la condamnation à 18 ans de réclusion criminelle d’une femme condamnée en septembre 2008 dans le Var pour homicide volontaire. Or, si la Cour décidait de suivre sa démonstration, et de casser l’arrêt, toute l’activité des cours d’assises s’en trouverait bouleversée. Des dizaines d’arrêts, dont celui visant Yvan Colonna, seraient remis en cause….

L’avocat général qui doit s’exprimer à l’audience jeudi matin a toutefois conclu au rejet du pourvoi, considérant que le droit belge n’est pas strictement identique au droit français, et qu’il revient au législateur de se prononcer. De plus, la Grande Chambre de la Cour européenne des droits de l’homme doit une nouvelle fois se pencher sur la question – car la Belgique a fait appel, rejointe par la France – le 21 octobre prochain. S’ils suivaient les conclusions de l’avocat général, les magistrats pourraient laisser un sursis au législateur.

C’est ce qu’espère la Chancellerie. Mais la motivation des arrêts d’assises ne devrait de toute façon plus tarder à voir le jour. La commission Léger, chargée par le président de la République de réfléchir à la refonte du Code de procédure pénale, l’avait déjà proposée. Sa mise en œuvre ne pourra toutefois peut-être pas attendre la grande réforme pénale. La Chancellerie a pris les devants, réfléchissant à un texte propre. Pourtant, exiger une motivation écrite d’un jury populaire, par définition non formé au droit, n’est pas simple. L’une des pistes envisagées serait de joindre au jugement une synthèse, rédigée par le président et signée par le premier juré, exprimant les principales raisons qui ont fondé la décision.

Rui Manuel Ribeiro comparaît, depuis hier, devant les assises, pour l’assassinat de sa collègue du CAT de Vernou, en octobre 2008, à Tours.

Les mains croisées devant lui, dans le box de la cour d’assises, l’accusé est secoué par de violents tremblements. La scène s’est reproduite à trois reprises, hier, au cours de cette première journée d’audience. Rui Manuel Ribeiro – qui comparaît devant les assises pour l’assassinat de Chantal Freslon, chez elle, place d’Azay-le-Ferron, à Tours – est connu pour être épileptique.
Cette maladie serait consécutive à une chute dans un escalier quand il était enfant. C’est aussi en raison de cette pathologie qu’il travaillait au centre d’aide par le travail de Vernou-sur-Brenne où il a rencontré la victime.
Dès l’ouverture du procès, hier matin, l’état de santé de l’accusé a retardé les débats. Sur le banc des parties civiles, les proches de Chantal Freslon ont du mal à supporter ce qu’ils considèrent comme une comédie. Le Dr Masson, expert psychiatre, viendra d’ailleurs expliquer à la barre qu’il « a été prouvé en hôpital que certains de ses malaises sont des simulations ».
A la pause du déjeuner, l’accusé a été examiné par un médecin qui l’a déclaré apte à se présenter de nouveau à l’audience en début d’après-midi.

“ Je l’ai vue
sur le lit,
les poignets
attachés… ”

Issu d’un milieu modeste mais uni, Rui Manuel Ribeiro a vécu au sein de différents établissements avant de rejoindre le CAT de Vernou où il était employé à la blanchisserie. Considéré comme « un ouvrier soigneux », il semble quand même accumuler les incidents parfois violents. Comme en ce jour de mai 1998 où il a agressé avec un couteau la conductrice d’un bus Fil bleu.
Si les malaises de l’accusé ont pu impressionner les jurés, la description de la scène de crime aura certainement eu un impact encore bien plus fort. Martine, amie et voisine de Chantal Freslon, avait passé la soirée avec la victime qui souffrait alors d’une forte grippe. Le lendemain – le 27 octobre – elles avaient prévu d’aller faire des courses ensemble. « La porte de son appartement n’était pas fermée. Je suis rentrée, expliquait la voisine à la cour. J’ai failli m’évanouir : je l’ai vue sur le lit, les poignets attachés. »
Une scène « très violente » comme l’expliquait l’enquêteur de la sûreté départementale qui est intervenu pour procéder aux premières constatations sur les lieux du crime. Les mains couvertes de sang, attachées par une cordelette, Chantal Freslon gisait nue sur son lit, le cou criblé de quinze coups de couteau.
A l’intérieur de l’appartement, les enquêteurs n’allaient retrouver aucune trace autre que celles appartenant à la victime. Près d’un talus bordant l’autoroute A 10, à une quinzaine de mètres du lieu de crime, un tee-shirt blanc ensanglanté et trois couteaux ont été découverts. C’est par l’ADN retrouvé sur une des armes que Rui Manuel Ribeiro a été confondu.
Le procès reprend ce matin. Caroline Devo

Un homme de 37 ans a été condamné mercredi par la cour d’assises de la Gironde à trente ans de réclusion criminelle pour avoir jeté en 2006 son fils, un bébé de 14 jours, qu’il ne désirait pas, dans la Garonne, a-t-on appris de source judiciaire.

Un homme de 37 ans a été condamné mercredi par la cour d’assises de la Gironde à trente ans de réclusion criminelle pour avoir jeté en 2006 son fils, un bébé de 14 jours, qu’il ne désirait pas, dans la Garonne, a-t-on appris de source judiciaire.

Cette condamnation, assortie d’une peine de sûreté de quinze ans, est conforme aux réquisitions de l’avocat général.

Le 28 août 2006, l’accusé, un Bordelais travaillant dans le bâtiment, s’était spontanément rendu à la gendarmerie de Latresne, en banlieue de Bordeaux, pour déclarer que son bébé était accidentellement tombé dans la Garonne.

Quelques heures plus tôt, il avait enlevé le nourrisson au domicile de son ex-compagne. L’homme avait quitté celle-ci en cours de grossesse car il ne désirait pas avoir d’enfant.

L’enquête judiciaire, ouverte pour enlèvement suivi de mort, avait révélé des incohérences dans ses propos. Il avait en effet expliqué que l’enfant était tombé de façon accidentelle alors qu’il se promenait au bord du fleuve à un endroit où les rives sont boueuses et ne permettent pas de se rendre au bord de l’eau.

Le corps du nouveau-né n’a pas été retrouvé.

Une analyse ADN a confirmé que l’homme était bien le père de l’enfant.

L’examen psychologique de l’accusé, pratiqué au cours de l’instruction, fait état de “carences affectives précoces liées à la disparition (de son) père”.

Algérie – Prévu pour hier par-devant la 3e chambre, le procès dit de la pêche illicite du thon rouge a été finalement reporté au 7 octobre prochain par le tribunal d’Annaba, territorialement compétent.

Cette affaire de trafic de thon rouge vivant, qui avait éclaté en mai dernier et dans laquelle seraient impliqués 6 ressortissants turcs aux côtés d’un armateur algérien, du secrétaire général du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques (MPRH) et du directeur des pêches maritimes et océaniques (DPMO) de ce même ministère, avait défrayé la chronique au lendemain de sa mise au jour par les garde-côtes de la façade maritime est.

Elle concerne, rappelons-le, l’interception sur l’Akuadem 2, un navire turc au large d’Annaba, de 210 tonnes de thon rouge pêchées pour le compte du bateau thonier algérien El-Djazaïr, appartenant à M. S. L’embarcation arraisonnée au large des eaux territoriales algériennes faisait partie d’une flotte constituée de trois bateaux turcs spécialement aménagés pour ce type de pêche, dont le  Certer Ahmet 1 et le Abdi Baba 3. L’Akuadem 2, qui remorquait une cage de 40 mètres de large et de 50 mètres de profondeur contenant 210 tonnes de thon rouge vivant, se trouve toujours à quai au port d’Annaba, alors que son équipage est consigné à bord. À signaler que les deux autres navires sont également immobilisés, ainsi que leurs équipages, à quelque miles de la côte depuis leur arraisonnement.

On évoque notamment les conditions dans lesquelles le troisième bâtiment battant également pavillon turc, un thonier-usine supposé traînant dans son sillage une cage contenant deux cargaisons de thon rouge vivant et non une seule, n’a pu être rattrapé par les unités des garde-côtes.

Celui-ci, après près d’une semaine de cavale, a rebroussé chemin et a regagné la côte annabie depuis samedi dernier, sur ordre des diplomates de l’ambassade de Turquie à Alger, dont le consul a pris la peine de se déplacer personnellement à Annaba, une journée avant le retour du patron de pêche.
Le propriétaire du navire algérien, auteur de cette transaction avec la flottille turque, vient de réagir en mettant au grand jour l’implication de certains hauts responsables. Cependant, beaucoup refusent de croire qu’un seul thonier, quels que soient ses moyens et la qualification de son personnel, peut réaliser en dix jours une pêche record pareille.

“Il est quasiment impossible à toute la flottille algérienne spécialisée dans ce cadre de réussir un coup de 210 tonnes, non pas en dix jours, mais durant toute la période autorisée de la pêche au thon rouge”, affirment des professionnels en la matière.

Qui a tort et qui a raison ? Seule une enquête en profondeur, menée par des personnes compétentes, peut mettre à nu les dessous de cette affaire qui n’a pas encore livré tous ses secrets.

On le saura peut-être à l’issue de ce procès qui a focalisé l’attention de beaucoup de personnes, celle notamment des professionnels du secteur de la pêche. Pour rappel, le quota de thon rouge, alloué à l’Algérie au titre de l’exercice 2009 par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique et des mers adjacentes, s’élève à près de 1 200 tonnes, le taux de pêche autorisé aux étrangers étant de 20%.     s

Source: Liberte

Compte rendu
LE MONDE | 30.09.09 | 16h24  •  Mis à jour le 30.09.09 | 16h24
New York Correspondant

Croquis représentant Najibullah Zazi lors de son procès à New York, le 29 septembre 2009.

AP/BEBETO MATTHEWS

Croquis représentant Najibullah Zazi lors de son procès à New York, le 29 septembre 2009.

es Etats-Unis ont-ils échappé à la “plus grave menace terroriste depuis le 11-Septembre” ? C’est la thèse qu’a défendue le procureur, mardi 29 septembre, devant le tribunal de Brooklyn (New York) où a comparu Najibullah Zazi, un afghan de 24 ans résident légal aux Etats-Unis, chauffeur de navette à l’aéroport de Denver (Colorado).

Des “preuves massives” de la volonté de commettre un acte de terrorisme seront présentées dans le cadre d’un procès à huis clos, a promis Jeffrey Knox, vice-ministre de la justice, qui a assuré que “cette conspiration a une dimension internationale”. Zazi a été inculpé, par un grand jury, de “complot (visant à) provoquer des destructions massives sur le territoire américain”. Il plaidera “non coupable”, a indiqué son avocat.

Selon l’accusation, le jeune homme serait parti le 9 septembre de Denver pour New York à bord d’un véhicule de location, emportant un ordinateur dans lequel figuraient des instructions pour fabriquer une bombe avec de l’acétone et du péroxyde d’hydrogène. Ces deux produits permettent de fabriquer des explosifs du type de ceux trouvés dans les chaussures du terroriste Richard Reid (condamné à vie aux Etats-Unis en 2003) et des produits utilisés lors des attentats de Londres en 2005.

Selon l’accusation, trois personnes auraient aidé Najibullah Zazi à acheter ces produits à l’aide de cartes de crédit volées. Des fuites anonymes assurent que Zazi détenait aussi 14 sacs à dos qui auraient permis le transport des explosifs et une cassette vidéo sur Grand Central, la principale gare de New York. Le FBI a seulement déclaré que le “complot” visait “des lieux de transit” dans New York.

L’accusation affirme que Zazi recevait ses ordres de Peshawar, au Pakistan, et envisageait de commettre son forfait le 11 septembre, jour anniversaire des attentats d’Al-Qaida. Mais un imam de Brooklyn avec qui il était en contact, Ahmad Waïs Afzali, l’aurait informé de la surveillance qu’exerçait sur lui la police fédérale (FBI). Ce qui l’a conduit à renoncer à son projet et à rentrer de façon précipitée à Denver, le 12 septembre. Une semaine plus tard, considérant que la filature mise en place pour arriver jusqu’à ses complices avait été éventée, le FBI l’arrêtait.

Des dizaines de crédits

Inculpé de “mensonge” – ce qu’il conteste – Ahmad Waïs Afzali a été libéré sous contrôle judiciaire pour une caution de 1,5 million de dollars. Le père de Zazi, également accusé d’avoir “menti”, a été libéré contre 50 000 dollars. Selon l’avocat d’Afzali, ce dernier, loin d’être partie prenante d’un “complot”, collaborait en réalité avec la brigade antiterroriste de la police et était en contact avec Zazi à sa demande.

Selon l’accusation, Najibullah Zazi aurait contracté des dizaines de crédits, accumulant une dette dépassant 50 000 dollars avant son départ pour le Pakistan. Il y aurait séjourné “plusieurs mois”. Le FBI assure que Zazi aurait admis devant ses enquêteurs au Colorado avoir séjourné dans un camp d’entraînement au Pakistan.

L’avocat du prévenu a reconnu que son client s’était rendu dans ce pays, un acte “qui n’a rien d’illégal”. Il s’est étonné de ce que le procureur ne présente aucun complice de son client, un fait pourtant constitutif de l’accusation de “complot”. Il a imploré le juge de ne “pas précipiter le jugement”, mais n’a pas demandé la libération sous caution de son client. Le juge new-yorkais Raymond Deatrie a ordonné le maintien en détention de Najibullah Zazi jusqu’à son procès. S’il est reconnu coupable, il encourt la prison à perpétuité.

Sylvain Cypel
Article paru dans l’édition du 01.10.09