Un compromis a été trouvé pendant cet entretien. La femme viendra témoigner lundi avec sa burka mais à visage découvert: au moment de sa déposition, elle en soulèvera la partie supérieure.

Un juge espagnol a expulsé mercredi de la salle d’audience où est jugée à Madrid une présumée cellule d’islamistes radicaux une femme qui refusait de témoigner sans sa burka, avant de trouver avec elle un compromis, a rapporté une correspondante de l’AFP.

La loi civile prime sur la loi religieuse

Face au refus de cette femme de soulever sa burka pendant son témoignage, le président du tribunal, Javier Gomez Bermudez, lui a demandé de quitter la salle, après lui avoir expliqué que devant les tribunaux espagnols, il est obligatoire de s’exprimer à visage découvert.

“En voyant votre visage, je peux voir si vous mentez ou non, si vous êtes surprise par une question ou non”, a déclaré le magistrat à la femme, soeur d’un islamiste radical mort en 2005 en commettant un attentat suicide en Irak.

La femme a expliqué à son tour que sa religion lui interdisait de s’exprimer en public le visage découvert, mais qu’elle s’était brièvement découverte à l’entrée du tribunal pour que la police la laisse passer.

Lui rappelant qu’en Espagne, la loi civile prime sur la loi religieuse, le juge Bermudez l’a alors expulsée et l’a convoquée dans son bureau après l’audience, en présence de la procureure.

Un compromis douteux pour la démocratie
Un compromis a été trouvé pendant cet entretien. La femme viendra témoigner lundi avec sa burka mais à visage découvert: au moment de sa déposition, elle en soulèvera la partie supérieure, découvrant son visage “du menton jusqu’aux sourcils” et s’exprimera le dos tourné au public et aux journalistes.

La femme s’est dite satisfaite de cette solution, déclarant à la presse que le magistrat avait “été très aimable” avec elle.

Le juge Gomez Bermudez est un habitué des procès lié à la mouvance islamiste radicale. En 2007, il avait présidé le procès des auteurs des attentats contre les trains de banlieue de Madrid (191 morts et plus de 1.800 blessés) perpétrés par un groupe se revendiquant d’Al-Qaïda.

Les femmes portant la burka, voile intégral couvrant le corps de la tête aux pieds, sont très minoritaires au sein de la communauté musulmane en Espagne. (belga/th)

23/09/09 15h28

le vendredi 25 septembre 2009 à 04:00

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Samy Mouhoubi, le vendredi 25 septembre 2009 à 04:00

Pendant plusieurs heures jeudi et mercredi, la cour d’assises spéciale de Paris, d’instance judiciaire s’est transformée en cercle d’analyse géopolitique. Les magistrats qui jugent Rachid Ramda pour complicité présumée dans les attentats en France en 1995 se sont penchés sur les tortueuses relations diplomatiques franco-algériennes et l’hypothèse d’une manipulation à l’époque des faits des services secrets français par leurs homologues algériens. Une idée récemment relancée par l’instruction française sur l’assassinat des sept moines du monastère algérien de Tibeherine en mars 1996, quelques mois après la vague terroriste dans l’Hexagone (1).

En 1991, les religieux du Front islamique du salut (FIS) remportent le premier tour des élections législatives algériennes. Inquiet, le pouvoir militaire décrète l’état d’urgence. Problème, plusieurs responsables politiques français soutiennent le processus électoral algérien. Alger aurait alors dirigé – sous couvert du GIA, la branche armée du FIS – les attentats de 1995 pour se débarrasser de ses opposants et forcer la main à Paris. Un tel complot n’a jamais été prouvé à ce jour.

Debré et les « fausses pistes » ?

« Connaissez-vous l’hypothèse selon laquelle les services algériens auraient infiltré le GIA et organisé la vague d’attentats de 1995 pour contraindre la France à soutenir Alger ? », demande mercredi le président de la cour Francis Debons à Jean-François Clair, ancien numéro 3 de la DST. « Je n’ai jamais cru à une manipulation, c’était quelque chose de trop grave », répond l’agent au regard bougon derrière de gros sourcils noirs. « On avait les moyens de vérifier si les Algériens nous baladaient, ce n’est pas parce qu’ils nous ont aidés qu’on n’était pas pour autant un service de contre-espionnage », affirme-t-il.

Roger Marion est encore plus catégorique. Ancien commissaire divisionnaire, aujourd’hui préfet en mission auprès de l’Inspection générale de l’administration, c’est lui qui a dirigé l’enquête en 1995 avec ses hommes de la 6e division de la police judiciaire. Fidèle à sa légende de flic à la dure – il assume son surnom « Eagle Four » (Y gueule fort) –, il réfute carrément toute intrusion des services algériens. « Aucun auteur des attentats n’a été identifié par renseignement, mais au fur et à mesure des investigations des services d’enquête », a-t-il assuré jeudi. En clair, pas de tuyau, que du bon boulot policier. C’est l’identification de Khaled Kelkal en septembre 1995, à partir de son empreinte digitale sur une bombe inerte, qui a permis notamment de remonter jusqu’à Boualem Bensaïd, un autre poseur de bombe. Puis via Bensaïd et d’autres, la police a recherché le surnommé « Elyess », alias Rachid Ramda selon le dossier. CQFD.

La défense de l’Algérien a néanmoins rappelé des propos attribués à Jean-Louis Debré, ministre de l’Intérieur au moment des attentats. « La sécurité militaire algérienne voulait que l’on parte sur de fausses pistes pour qu’on élimine des gens qui les gênent », aurait déclaré l’actuel président du Conseil constitutionnel dans Le Monde du 23 septembre 1995, ce qu’il a toujours nié. Il est attendu pour s’expliquer devant la cour le 2 octobre.

« Elyess », « Abou Farès »… la valse des alias

Au-delà d’une vraie ou fausse manipulation, reste le cas Rachid Ramda. L’accusé est-il un « lampiste » balancé par Alger, comme le pensent ses avocats, ou bien le financier des attentats depuis sa base de Londres, comme le présente l’accusation ? Pour Jean-François Clair, la réponse ne souffre aucun doute. « Il était l’homme du GIA à Londres et même à l’époque en Europe ! Il était la plaque tournante du Londonistan, c’était absolument indéniable ! », martèle l’ex-agent. Pressé de questions par la défense, il finit tout de même par lâcher que c’est Alger qui a livré à la France le nom de Ramda. « Fin août 1995, l’Algérie nous dit que le chef du GIA en Grande-Bretagne, c’est Elyess, alias Abou Farès, alias Rachid Ramda », explique Clair. Une version en contradiction avec celle de Roger Marion, qui attribue, lui, l’identification de Ramda aux Anglais. « Ce sont les services britanniques qui nous informent de façon certaine que Rachid Ramda, c’est Elyess, c’est Abou Farès », se souvient « Eagle Four ».

Se fondant sur ces éléments, les avocats de l’accusé ont saisi jeudi soir la cour d’une demande de supplément d’information. Ils réclament notamment que les trois numéros de téléphone attribués à Ramda à Londres d’après l’enquête soient examinés. Selon la défense, ils n’ont « pas fait l’objet d’investigations » en 1995. Ils demandent également de vérifier auprès de la justice britannique si un autre « Abou Farès », identifié comme un certain Abdelkader Benouis, a été arrêté à Londres le 4 novembre 1995. Une façon de lever toute ambiguïté sur cette série de pseudos : Abou Farès, alias Elyess… alias Ramda ?

(1) Longtemps attribué au GIA algérien, ce massacre pourrait être en réalité l’œuvre de l’armée qui aurait voulu maquiller une bavure en assassinats, selon plusieurs témoignages d’anciens militaires algériens.

24 Sep, 2009

Journaliste en danger (JED), organisation indépendante de défense et de promotion de la liberté de la presse, et Réseau d’alerte de l’OMAC, dont le Cameroun est membre, demande aux autorités Camerounaises de Douala de retrouver et de sanctionner les deux agents de la police qui ont molesté, sans raisons, un journaliste et cassé son matériel de travail. JED considère que la multiplication des actes impunis d’agression contre les professionnels des médias au Cameroun, peut être révélateur d’un état d’esprit hostile à la liberté d’expression dans le chef des autorités de ce pays. Selon des informations rapportées à JED, Freddy Nkoue, caméraman à “Canal International”, une chaîne de télévision privée émettant à Douala, deuxième ville de la République du Cameroun, a été copieusement tabassé, jeudi 17 septembre 2009, dans l’enclos du Palais de justice de Douala, par deux éléments de la police répondant aux noms de Ndingie et Nyonga. Le cameraman s’était rendu dans cet endroit pour couvrir un procès impliquant les responsables de deux fractions opposées d’un parti politique, l’Union des
Populations du Cameroun (UPC

Sa caméra a été endommagée, ses habits déchirés et ses biens personnels ont été emportés par les policiers.

Contacté par JED, Nkoue a expliqué qu’il avait placé le trépied de sa
caméra dans la Cour du Palais de justice de Douala en attendant le retour
du journaliste qui était allé demander l’autorisation de couvrir le procès
auprès des autorités dudit palais. Aussitôt, deux policiers lui ont intimé
l’ordre de ne plus filmer et se sont mis à le rouer des coups. Nkoue s’en
est sorti, torse nu avec une fracture à la main gauche.

Interrogé sur le motif de cette agression, Nkoue s’est défendu de n’avoir
pas pris en image ni les policiers ni le bâtiment de palais de justice de
Douala avant toute autorisation préalable des responsables des lieux.

SOURCE: Journaliste en danger

700.000 euros en faux billets: six Français condamnés à la prison ferme
Six Français ont été condamnés samedi à des peines de prison ferme pour fabrication et trafic de faux billets de 20, 50 et 500 euros dont certains ont été retrouvés dans une douzaine de pays d’Europe, a-t-on appris de source judiciaire.

Six Français ont été condamnés samedi à des peines de prison ferme pour fabrication et trafic de faux billets de 20, 50 et 500 euros dont certains ont été retrouvés dans une douzaine de pays d’Europe, a-t-on appris de source judiciaire.

La valeur totale des billets fabriqués avec du matériel informatique grand public s’élève à plus de 700.000 euros.

Le commanditaire, un homme de 44 ans, a été condamné par la cour d’assises de la Gironde (sud-ouest) à dix ans de réclusion criminelle et son complice, contrefacteur, personnage central du dossier, a écopé de huit ans d’emprisonnement.

Deux intermédiaires, qui s’occupaient d’écouler les billets, ont été condamnés à quatre ans de prison et trois ans de sursis avec mise à l’épreuve.

Deux autres hommes qui avaient participé à la confection des billets se sont vu infliger une peine de trois ans de prison, dont 30 mois avec sursis. Les six hommes appartiennent pour la plupart à la communauté des gens du voyage de Nantes et de la région de Barbezieux, dans l’ouest de la France.

L’expertise de la Banque de France a mis en évidence le procédé de fabrication par une même chaîne graphique, composée de “scanner, unité centrale, logiciel de retouche d’image et imprimante”.

Les investigations ont établi que plus de 14.000 billets de 50 euros, représentant une valeur de plus de 700.000 euros, avaient été écoulés dans l’ouest de la France. Des milliers de billets de 20 euros et de 500 euros ont également été fabriqués selon le même procédé artisanal.

Certains billets falsifiés ont été découverts dans une douzaine de pays européens, dont la Belgique, l’Espagne, les Pays-Bas, le Portugal ou encore la Roumanie.

LE MONDE | 25.09.09 | 15h30  •  Mis à jour le 25.09.09 | 16h28

Le procès commence par un lapsus : “Nous allons débuter par l’interrogatoire du prévenu Makam, euh, Maxence Cavalcante“, se reprend Dominique Bréjoux, le président de la 7e chambre de la cour d’appel de Lyon, jeudi 24 septembre. Makam Traoré, 32 ans, c’est le capitaine du club de football de Rossillon (Ain), traité de “sale singe” lors d’un match de 2e division départementale, le 25 janvier. Maxence Cavalcante, 24 ans, du club de Lagnieu, serait l’auteur supposé de ces “injures à caractère raciste”.

C’est un grand gaillard, fier, préférant rester debout sur ses béquilles – il est blessé à un genou – pour répondre au tribunal. Le chauffeur-livreur dément avoir lâché : “Va doucement, on en a mis cinq dans votre cul, sale nègre”, au Franco-Malien qui avait signalé une faute à l’arbitre. Cavalcante n’aurait rien dit, rien vu, rien entendu. Pourtant, l’arbitre a bien entendu des insultes, des cris de singe qui jaillissaient de la tribune depuis le début de la rencontre dès qu’un joueur noir – Rossillon en compte sept – touchait la balle. Il décide de stopper le match.

Après une nuit en garde à vue, le joueur de Lagnieu a avoué et demandé pardon à son adversaire pour avoir proféré sous “la colère” ces mots avant de se rétracter. “Je voulais sortir”, explique-t-il. Le grand gaillard n’a pas supporté la pression psychologique infligée par les gendarmes. Ces derniers lui auraient extorqué des aveux en le traitant de “rital”, lui qui est d’origine italienne.

A la barre, Makam Traoré s’est, comme en première instance, effondré. Il est désarçonné face au mutisme glacial du prévenu, au point que son conseil, Alain Jakubowicz, lui demande de se calmer. Son avocat, qui représente aussi la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), partie civile au procès, pointe le côté destructeur de ces insultes, l’envie de son client de quitter la France (Le Monde du 1er juin)… Pour la défense, Makam Traoré est peu “crédible”. Excepté lui, personne n’a désigné Maxence Cavalcante comme l’auteur des injures. “C’est la parole de l’un contre celle de l’autre”, assure Me Philippe Bontems. L’avocat général, Christian Ponsard, regrette le manque de “sincérité” du jeune Cavalcante, rappelant que “le racisme n’est pas une opinion mais un délit”. Il a notamment réclamé quatre mois de prison avec sursis avec mise à l’épreuve et trois ans d’interdiction de stade. La décision a été mise en délibéré au 22 octobre.

Mustapha Kessous (Lyon, envoyé spécial)

Loire/meurtre : 23 ans de prison
AP

Une habitante de Sail-sous-Couzan (Loire) de 45 ans, reconnue coupable du meurtre de sa propriétaire de 81 ans, en juillet 2007, a été condamnée à 23 ans de réclusion criminelle, vendredi, par la cour d’assises de la Loire. L’avocat général avait requis 25 années de réclusion criminelle contre Christine Rolancy. Cette ex-toxicomane a reconnu avoir porté des coups mortels à la tête de l’ex-pâtissière à la retraite.

Elle a déclaré avoir perdu la raison lorsque Marie-Antoinette Chazal, qui lui louait un appartement dans le bourg de cette commune du Haut-Forez, a évoqué le nom de son compagnon, mort d’un cancer quelques mois auparavant.
Christine Rolancy, sans emploi, avait été condamnée en 2005 à deux ans de prison avec sursis pour des faits de violence avec arme, commis en 2000 sur cet ancien compagnon.

Venue chez la victime régler un supplément de loyer de onze euros, elle était repartie chercher un pistolet d’alarme dans sa voiture et avait ensuite frappé l’octogénaire à la tête avec la crosse puis avec une bouteille, à onze reprises, avant de reprendre son chèque.

Anges ou démons ? Le procès en appel des ex-amants reconnus coupables d’avoir tué Jean-Paul Faure, le mari de la coaccusée, en 2005, s’est ouvert hier devant la cour d’assises à Aix. En 2008, Béatrice Frustieri et Jean-Claude Douliery avaient été condamnés respectivement à vingt et trente ans de prison. Tous deux avaient fait appel.

Dans le box, Béatrice Frustieri, tête basse et regard dans le vide, veut donner l’image d’une veuve éplorée : « Mon mari vivra tant que je vivrai. Il était ma fierté. » L’accusée, qui a avoué avoir aidé à jeter le corps de son époux dans les falaises du cap Canaille, accuse son ex-amant, Jean-Claude Douliery, d’être le seul coupable. « J’ai dit la vérité pour que Jean-Pierre ait un enterrement décent. Monsieur Douliery a tué mon mari d’un coup de couteau et m’a ensuite obligée à l’aider à se débarrasser du corps. Il ne m’a laissé aucune chance, il me menaçait constamment. Ma seule survie était de jouer le rôle de l’amoureuse. J’avais peur. Que celui qui a envie de mourir lève la main. » Décrite par ses proches comme une femme fragile et influençable, mythomane, hystérique et immature selon les experts, Béatrice Frustieri a plusieurs fois changé de version.

Quant à Jean-Claude Douliery, le verbe haut, sûr de lui, il harangue le président de la cour : « Ça fait quatre ans que j’explique ma version et qu’elle n’est pas prise en compte. Elle [Béatrice Frustieri] sait tout, mais les charges sont pour ma gueule. Vous m’inculpez toujours. » Homme violent, possessif, manipulateur et ne tolérant pas les contraintes, selon ses amis et les psychiatres, Jean-Claude Douliery continue de clamer son innocence : « Tout ce qu’elle a dit est faux. Je n’étais même pas là le jour du meurtre. » Les jurés ont jusqu’à demain pour se faire une opinion. W

Carole Vinco

Trente ans de réclusion requis contre les amants diaboliques

Publié le vendredi 25 septembre 2009 à 12H55

L’avocat général a requis ce midi deux peines de 30 ans de réclusion criminelle à l’encontre des amants diaboliques, jugés depuis mercredi devant la cour d’assises des Bouches-du-Rhône. Il a estimé qu’aucune différence ne devait être faite entre les deux accusés, Jean-Claude Douliéry et sa maîtresse Béatrice Frustieri.

Le verdict est attendu dans la soirée.

Publié le vendredi 25 septembre 2009 à 08H46

La cour d’assises des Bouches-du-Rhône n’a plus de sous. Plus d’argent pour payer les jurés, qui, pourtant, ne sont que défrayés. Quant aux experts, ils sont payés à six, voire huit mois.

Pourvu que la justice ne soit pas mise en redressement judiciaire, on se demande bien où se tiendraient les audiences !

La Provence

A Saint-Vincent-des-Landes, en octobre 2005, une femme mourrait écrasée sous sa voiture. Son véhicule avait été retourné par un tracteur. Le conducteur, son ex, est jugé pour coups mortels avec arme.

Ce petit homme a traversé quarante ans de vie sans « sans faire parler de lui », sans « une aspérité ». Yves de Frémond, 44 ans, est pourtant aujourd’hui jugé par la cour d’assises de Loire-Atlantique. Accusé d’avoir tué son ex-petite amie avec un tracteur. Comment tout a basculé ? C’est tout l’intérêt du procès qui s’est ouvert hier et dont on attend le verdict vendredi. Mais avant, les jurés vont devoir se forger une opinion sur les versions différentes de l’enchaînement qui a conduit au drame.

Sur le décor, il n’y a rien à dire. Tout le monde témoigne qu’Yves de Frémond, père d’un enfant, est un homme gentil, discret, timide, et presque « trop serviable ». Il est investi dans des associations, ne boit pas. Ses professeurs l’ont oublié, ses patrons n’ont rien à dire de lui. Les femmes qui ont croisé sa vie ne témoignent d’aucune amertume. Un petit détail ressort souvent : l’homme, qui a travaillé dans la mécanique agricole et l’électricité industrielle, est un « peureux », un « froussard. » Et après une journée d’audience, on se disait hier soir que le ressort de cette terrible affaire se trouvait peut-être bien là.

« Mort de trouille »

Au printemps 2005 donc, Yves de Fremond a vécu un coup de foudre. Il est tombé amoureux d’Annie (1), mère d’un enfant de 12 ans. Aussitôt, ils forment des projets, calent une date de mariage. Annie est rapidement enceinte. Et puis, tout aussi vite, la relation prend fin. Annie perd le bébé. Et des querelles s’installent entre eux au sujet des frais de garde des chevaux d’Annie, en pension chez Yves de Frémond, à Saint-Vincent-des-Landes.

Survient ce dimanche 23 octobre 2005. Annie se déplace avec son fils et Gérard (1), le père de l’enfant, pour voir les chevaux. Ils veulent aussi régler le litige financier. Yves de Frémond est « mort de trouille », comme il le dit lui-même. Il redoute Gérard. Il craint de prendre une « raclée ». « Je me suis dit, ils arrivent. Il faut que je monte sur quelque chose pour être en sécurité. J’ai paniqué. » Il a grimpé sur le tracteur qui se trouvait dans la cour de sa maison. Il a levé le godet de la machine qui pèse quatre tonnes et a passé la marche avant. Vitesse lente.

Le tracteur a avancé. Il a percuté à deux reprises la voiture dont seul Gérard était sorti. Une première fois, les dents du godet de fer ont crevé la portière. La voiture a basculé sur la tranche, dans un fossé. Un deuxième coup a été porté. Et le véhicule s’est renversé. La mère a aidé son enfant à sortir de la voiture. Elle, en revanche, est restée coincée sous la carcasse. « Il a réellement tenté de nous écraser, rapporte Gérard. Il a foncé sur nous. »

Yves de Frémond nie avoir volontairement percuté la voiture. Il jure depuis toujours qu’il voulait juste faire peur avant de s’enfuir. Selon lui, le drame est survenu accidentellement. Lors d’une empoignade avec Gérard dans la cabine du tracteur, son pied aurait quitté l’embrayage. Le tracteur lui aurait alors échappé. « Impossible » tranchait l’expert automobile hier soir. Pour le spécialiste, cette version n’est pas compatible avec les traces relevées sur la voiture.

Thomas HENG.

(1) Prénoms d’emprunt, pour protéger l’anonymat d’une des victimes, mineure.

Ouest-France

Drame de la résidence Saint-Michel à Arras

 C'est après cent mètre de course que Maxime Bouvet s'est effondré. PHOTO ARCHIVES SAMI BELLOUMI C’est après cent mètre de course que Maxime Bouvet s’est effondré. PHOTO ARCHIVES SAMI BELLOUMI

| COUR D’ASSISES DU PAS-DE-CALAIS |

Il y a plusieurs types d’accusés. Il y a les muets, qui ne lâchent rien ; il y a les bavards, qui donnent force détails ; il y a les violents, dont on devine vite le profil. Les contrits, qui pleurent et regrettent. Et il y a les gens qu’on a du mal à cerner. Soufyane Mammou, accusé d’avoir poignardé Maxime Bouvet, 22 ans, en mai 2008 à la résidence Saint-Michel, fait partie de ces derniers. Hier, pour la première journée de son procès, il a paru distant à la douleur, pour mieux se défendre.

Il a pourtant tellement souffert de son geste. Durant sa garde à vue au commissariat, il n’a pas feint l’anéantissement quand il a appris le décès de Maxime Bouvet. Les regrets qu’il a exprimés à la maman de Maxime n’étaient pas fabriqués. Mais, sans doute pour se protéger, Soufyane Mammou a fait preuve d’une grande maîtrise, hier, devant les jurés de la cour d’assises de Saint-Omer, qui doivent le juger pour «  violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Tellement de maîtrise qu’il s’est permis, chose rare, de poser des questions, de rectifier, de demander à ce qu’on remontre des photos des lieux au jury.

Vexations

Lors de cette longue et pénible journée d’hier, qui a vu les deux familles verser des larmes naturelles, on a pu entendre le récit des faits du 10 mai 2008. Une grande tension régnait entre Maxime et Soufyane, pour des motifs futiles, quand on voit les conséquences. Rien qui n’explique ou n’excuse le coup de couteau. D’ailleurs, l’accusé l’a reconnu : «  Je ne demande pas pardon car on ne peut pardonner ce que j’ai fait. C’est un gâchis. J’ai brisé deux familles ».

À l’origine, il y a une série de vexations entre Maxime le « grand » et Soufyane le « petit ». Dans les quartiers, le « petit » doit le respect au grand. Or, lors d’une soirée, peu avant les faits, le petit a mis une gifle au grand, pour une histoire de cigarette. Le 7 mai, pour l’anniversaire de Soufyane, tous les amis s’étaient rassemblés pour un barbecue sur le parking de Champion. Là, Maxime et Soufyane s’étaient «  un peu pris le chou », dira un ami, à cause d’une bagarre entre deux jeunes du quartier. Dans les jours qui ont suivi, les noms d’oiseaux ont continué de fuser.

Versions différentes

Le matin du 10 mai, Soufyane prend un coup de boule par Maxime, qui a mal vécu la gifle. Ensuite, c’est une bagarre ultraviolente qui se déroule derrière la station Total. Une automobiliste témoin a parlé hier d’un jeune blond (Maxime) qui avait l’allure d’un «  boxeur. Il frappait si fort, j’ai cru qu’il allait le démolir ! J’ai demandé qu’ils arrêtent, le grand m’a dit que ça allait être mon tour si je restais ». Et Soufyane, la tête au carré, «  un peu humilié », a-t-il fini par concéder hier, est monté chez lui se débarbouiller après avoir pris une raclée. Et s’est muni d’un couteau… ce qu’il n’a pas vraiment expliqué hier. Ses parents lui ont pourtant enseigné les vertus du travail, du respect. Ses frères sont là pour lui. Soufyane a dit qu’il pensait juste à se défendre. Mais Maxime n’était pas armé. Les faits sont allés vite, ont confié les témoins du drame. Selon les deux frères de Soufyane, Maxime était énervé et après s’être libéré de l’emprise de l’aîné, aurait fondu sur Soufyane. Mais deux autres témoins, amis de Maxime, ont soutenu que c’était Soufyane qui s’était avancé vers la victime, après lui avoir pris le bras en lui disant «  c’est pas fini ». Les souvenirs ont-ils tous résisté de la même façon au temps ? Les jurés devront se forger leur opinion.

vendredi 25.09.2009, 04:49 La Voix du Nord

vendredi 25.09.2009, 04:49 À LA COUR D’ASSISES DE SAINT-OMER PAR SAMUEL COGEZ


La douleur d’une mère

– Rien n’apaisera la douleur de Murielle, la maman de Maxime. Elle l’a confié hier : « Ma vie est brisée, celle de mes filles aussi.

C’est pour elles que je reste debout. C’est affreux de vivre ce qu’on vit depuis. Soufyane, lui va pouvoir continuer sa vie, vivre ses projets. Moi, je n’ai plus de fils. J’essaie de survivre, difficilement. Il ne méritait pas de finir comme ça. Rien n’excuse le geste de Soufyane. J’attends juste que justice soit faite, même si ça ne change rien. Qu’il parte un an ou dix ans en prison, Maxime ne reviendra pas. Si il y avait un motif, mais là, pour des broutilles, des bagarres… On ne règle pas ses comptes comme ça. Maxime était très protecteur, c’était un battant ».

– Tandis que sa mère pleurait, Soufyane a lâché quelques mots : «  Il n’y a pas de mots. Maxime ne méritait pas ça. C’était quelqu’un de bien ».

Une lecture de l’autopsietrop pointue…

Le médecin légiste, certes très professionnel, n’a épargné aucun détail de l’autopsie de Maxime Bouvet. Ses proches et ses petites soeurs en particulier s’en seraient bien passés. On aura simplement appris que Maxime n’a pas eu de chance. Il est mort d’une hémorragie abdominale. «  C’est une malchance, ça aurait pu être une plaie intestinale sans trop de gravité. Même un centimètre plus bas, ça aurait tout changé, le couteau ne touchait pas l’artère ».

L’ASEJ épinglée

L’enquête de personnalité a permis de dresser le profil de maxime Bouvet. Un jeune parfois impulsif et caractériel, parfois violent, aussi. Mais également serviable, protecteur, volontaire, ayant le sens de la famille. L’enquêtrice de personnalité qui a rédigé le rapport n’a pu être entendue. Elle n’était pas là et a été remplacée par une collègue. «  Si ça continue, on se passera de l’ASEJ », a déclaré le président, agacé de ne pouvoir aller plus loin.

Cour d’assises du Pas-de-Calais : six ans ferme requis contre l’auteur d’un coup de couteau mortel

vendredi 25.09.2009, 18:03 La Voix du Nord

| Artois |

Ce vendredi soir, Soufyane Mammou, jeune Arrageois de 20 ans, attend la peine qui sera prononcée son encontre.

L’avocat général de la cour d’assises du Pas-de-Calais a requis six années de prison ferme pour l’auteur de ce coup de couteau mortel, survenu le 10 mai 2008.

Un coup fatal au jeune Maxime Bouvet, 22 ans à l’époque, qui s’était brouillé avec celui qui était autrefois un copain.Le verdict doit tomber dans les heures qui viennent.

Plus de détails dans votre édition d’Arras, demain samedi, et sur Internet dans les heures à venir.

S. C.

Drame du quartier Saint-Michel : cinq ans de prison qui n’effaceront jamais la douleur de deux familles

samedi 26.09.2009, 04:51 La Voix du Nord

 Malgré le verdict, le quartier Saint-Michel n'oubliera jamais le gâchis de ces deux familles brisées le 10 mai 2008. PHOTO S. BELLOUMI Malgré le verdict, le quartier Saint-Michel n’oubliera jamais le gâchis de ces deux familles brisées le 10 mai 2008. PHOTO S. BELLOUMI

|  COUR D’ASSISES DU PAS-DE-CALAIS |

La famille de Maxime Bouvet voulait des réponses. Elle n’a pas été satisfaite. Elle a entendu des regrets sincères, mais des explications assez floues sur l’origine du coup. La journée d’hier a permis de dresser le portrait de deux jeunes respectés à Saint-Michel, quartier où tout le monde essaie de s’en sortir, mais où aucun ne veut perdre la face.

Cinq ans de prison, dont deux à effet immédiat. C’est le verdict rendu hier par les jurés de la cour d’assises à Saint-Omer. Un verdict qui ne satisfait personne. Ni les proches de Soufyane, qui voient ses efforts de réinsertion malmenés et ont perdu un ami encore moins la famille de Maxime, qui ne pourra plus jamais profiter du bonheur de le voir, de lui parler, de partager ses projets, comme celui du stade de football, en bonne voie.

Hier, dans un premier temps, les personnalités des deux jeunes ont été dépeintes. Soufyane, scolarité chaotique, pas féru d’études, «  dissipé, désinvolte », qui dispose pourtant de réelles capacités et d’une intelligence au-dessus de la moyenne. Un jeune serviable, calme, qui ne trouvait pas de sens à sa scolarité et s’est fait exclure de Gambetta après des tags injurieux contre son proviseur. Ses proches et amis ont défilé à la barre pour parler d’un jeune qui ne s’était jamais battu. Ses copines diront qu’il était une «  amusette », loin du caïd, manquant de confiance en lui. Confirmation du psychologue, qui a évoqué une personnalité «  fragile », un « ego » important.

Maxime, proche de sa famille

Maxime était un jeune très attentif à sa famille, depuis des événements douloureux qui ont marqué son passé. Serviable, investi dans le quartier, hyperactif, il voulait s’en sortir. Tableau un peu trop idyllique battu en brèche par le président de la cour d’assises. «  Ce ne sont pas que des jeunes sympas. Arrêtez de nous raconter un conte de fée », a-t-il lancé à l’éducateur du quartier, Frédéric Blondel, qui couve tant ces jeunes.

Car la réalité du quartier, c’est aussi les stups, quelques bagarres, des ego froissés, des susceptibilités, des vies difficiles et très publiques, de par la configuration du quartier, tourné sur lui-même. Alors il ne faut pas perdre la face quand on vit «  les uns sur les autres ».

Même si on ne dégaine pas la batte ou la barre de fer quand ça dégénère, dira l’éducateur, encore abasourdi.

L’avocat de la mère et des soeurs de Maxime a salué leur courage et a dû trouver les mots pour exprimer leur douleur. «  C’était un bon gars qui ne méritait pas ça. Il se donnait les moyens pour s’en sortir. Il aimait la vie, s’amuser, faire du sport, il était plus qu’un fils. Quelle que soit la décision, cela ne ramènera pas Maxime. Les regrets de M. Mammou ne sont pas suffisants. Je ne crois pas qu’il ait agi par peur ».

«  C’est un quartier entier qui a été bouleversé, a requis Alexandra Mattioli, l’avocate générale, inspirée. Tout ça ne correspondait ni à la victime, ni à l’auteur. C’est un acte incompréhensible. Ce ne sont pas des petites frappes. Et Maxime n’était pas un grand délinquant. Mais je ne crois pas que Soufyane ait agi par peur. Il lui a donné une gifle avant, il lui a répondu, tenu tête, l’a suivi derrière la station essence. Et ses frères étaient là quand il a frappé. Il aurait pu agir autrement. Appeler la police, un copain, réfléchir. Maxime et Soufyane ont été rattrapés par le fonctionnement de cette cité, avec cette notion de respect. Il a pris le couteau pour ne pas perdre la face ».

«  Une vie perdue, une vie qui se joue, a résumé Didier Robiquet, avocat de Soufyane Mammou. Face à un gâchis, il ne faut pas ordonner le saccage de la vie de Soufyane. Il a agi sous la loi de la cité. Ce n’est pas Chicago, mais Saint-Michel. Là-bas, appeler la police après s’être fait casser la figure, ça ne se fait pas. Soufyane a été frappé, roué de coups dix minutes avant le drame. Il était battu, blessé, victime de violences graves. Il a eu peur, aussi. C’est ce mélange de peur, de frustration, de colère et d’humiliation qui lui ont fait prendre ce couteau. S’il n’avait pas rencontré Maxime tout de suite, rien ne serait arrivé. Il a cru qu’il allait être à nouveau agressé. C’est sa vérité. Ce devait être un coup qui fait peur, c’est devenu un coup mortel. Soufyane a beaucoup changé depuis. Il est devenu un adulte ». Et de réclamer la clémence pour éviter à son client l’univers carcéral, «  école de la récidive ». Le jury a condamné Soufyane Mammou à cinq ans de prison, dont deux en peine immédiate. Les deux parties ont jusqu’au 5 octobre pour faire appel. •

SAMUEL COGEZ