Le Point.fr

Par Ségolène de Larquier (Avec agence)

Comment Radovan Karadzic compte échapper à la justice

Radovan Karadzic est accusé de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide, notamment pour le massacre de près de 8.000 hommes et adolescents musulmans en juillet 1995 à Srebrenica, à l’est de la Bosnie © Jerry Lampen / AFP

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La défense de l’ancien chef politique des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic a fait savoir mercredi qu’elle allait dévoiler des preuves de l’existence d’un accord conclu avec le négociateur américain Richard Holbrooke , qui protégeait son client de toute poursuite devant le Tribunal pénal international (TPI) pour l’ex-Yougoslavie. “La défense de Radovan Karadzic tiendra une conférence de presse le lundi 25 mai (…) pour annoncer le dépôt de sa motion visant à annuler l’acte d’accusation”, a précisé Peter Robinson, conseiller légal de Radovan Karadzic.

Cette motion dévoilerait ainsi les preuves que Richard Holbrooke avait fait une promesse à Radovan Karadzic un an après les accords de Dayton de 1995, lesquels ont mis fin à la guerre de Bosnie (1992-1995). Ces pièces ont été obtenues auprès du gouvernement américain et grâce à l’enquête menée par l’équipe de défense de l’ancien chef politique des Serbes, avance le conseiller légal du Rastignac sanglant de Bosnie. Les États-Unis ont d’ailleurs donné leur accord il y a quelques jours pour qu’un fonctionnaire américain soit interrogé au sujet de cette affaire. Une condition a été toutefois imposée : avant de fournir quelque information que ce soit, Washington a exigé d’obtenir un “ordre” du TPI garantissant la confidentialité.

Holbrooke a toujours nié

“En 1996, au nom des États-Unis, Richard Holbrooke a fait une offre aux ministres et hommes d’État qui étaient mes représentants autorisés (…) s’engageant au nom des États-Unis à ce que je ne sois pas jugé devant le tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie”, ne cesse de marteler Radovan Karadzic depuis son arrestation, le 21 juillet 2008 à Belgrade . En contrepartie, l’ancien chef politique des Serbes aurait accepté sa mise à l’écart de la vie publique et politique. Mais Richard Holbrooke, qui a négocié l’accord de Dayton et accompagné sa mise en oeuvre, a toujours nié l’existence de toute contrepartie secrète.

“Ces propos renvoient à un accord public conclu le 18 juillet 1996 avec Richard Holbrooke au sujet des devoirs de Karadzic. Si Holbrooke n’a pas caché la partie publique de l’accord, il dément toute contrepartie (…) mais sans être convaincant”, expliquait en août dernier au point.fr Florence Hartmann , placée au coeur du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) pendant six ans et ancienne porte-parole du procureur Carla Del Ponte. Et de poursuivre : “Une seule chose saute aux yeux : les treize ans de cavale de l’ancien leader politique des Serbes de Bosnie ne font que nourrir les suspicions et donnent du crédit aux allégations d’accord d’impunité.”

Le “boucher des Balkans”
, âgé de 63 ans, était, avec son alter ego militaire Ratko Mladic – toujours en fuite -, l’un des deux fugitifs les plus recherchés d’Europe avant son arrestation par les services secrets serbes. Il est accusé de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide, notamment pour le massacre de près de 8.000 hommes et adolescents musulmans en juillet 1995 à Srebrenica, à l’est de la Bosnie. Il est considéré comme le cerveau du “nettoyage ethnique” lancé, avec l’appui de Belgrade, selon le procureur du TPI Serge Brammertz, contre les musulmans et Croates durant la guerre de Bosnie, qui a fait 100.000 morts et 2,2 millions de réfugiés, soit la moitié de la population bosniaque.

Verdict vendredi dans le procès de Désiré Munyaneza

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Désiré Munyaneza

Photo: PC

Clément Sabourin
Agence France-Presse
Montréal

Un Rwandais de 42 ans accusé d’avoir dirigé une milice dans le sud de son pays lors du génocide de 1994 connaîtra vendredi son verdict dans le premier procès de l’histoire canadienne pour crime contre l’Humanité.

Le procès de Désiré Munyaneza s’est ouvert en janvier 2007 et s’est déplacé en Afrique et en Europe pour entendre quelques-uns des 66 témoins présentés par la défense et la Couronne (ministère public). Les parties ont notamment fait comparaître au palais de justice de Montréal des «témoins de contexte», dont le général à la retraite Roméo Dallaire, à la tête de la mission des Casques bleus au Rwanda en 1994, et l’historienne américaine Alison des Forges, décédée en février dernier dans un accident d’avion aux États-Unis.

Fils d’un commerçant aisé de Butare, M. Munyaneza est accusé d’avoir perpétré des viols, tué et torturé des civils, ainsi que d’avoir dirigé une des principales milices qui tenait des barrages de la mort dans cette préfecture du sud du Rwanda.

Il se serait par la suite exilé au Cameroun avant d’arriver au Canada en 1997 en présentant une demande d’asile rejetée par les autorités en raison de son rôle présumé dans les tueries, qui ont fait 800 000 morts parmi la minorité tutsie et les Hutus modérés selon l’ONU.

Il a été arrêté en 2005 à Toronto, où il résidait avec sa famille, au terme d’une enquête de cinq ans de la police canadienne.

Ce procès a valeur de test pour la justice canadienne car M. Munyaneza est la première personne inculpée au Canada en vertu d’une loi fédérale de «compétence universelle» sur les crimes contre l’Humanité, promulguée en octobre 2000.

S’il est jugé coupable, il encourt la prison à perpétuité, soit 25 ans derrière les barreaux. Mais s’il est acquitté, l’agence canadienne de l’immigration pourrait être appelée à lui accorder un permis de séjour, note l’un de ses avocats, Me Richard Perras.

«Quiconque fait face à un crime majeur où les sentences sont très élevées doit nécessairement être très stressé» à l’approche du verdict, a déclaré à l’AFP Me Perras.

Tout au long des auditions à Montréal, dont beaucoup se sont déroulées à huis-clos, M. Munyaneza est apparu très attentif, prenant scrupuleusement des notes et échangeant des propos avec ses avocats.

Selon des rescapés, celui qui se faisait appeler «Gikovu» (cicatrice en kyniarwanda) aurait dirigé des barrages routiers et perpétré des viols à son domicile.

Lors d’une commission rogatoire au Rwanda, un homme emprisonné pour sa participation au génocide a affirmé de son côté que M. Munyaneza avait orchestré le massacre de 300 à 400 Tutsis dans une église.

Face à ces accusations, la défense a mis en avant les propos contradictoires de certains témoins et a fait comparaître des proches de M. Munyaneza, ainsi que des réfugiés qu’il aurait accueillis, pour détailler son emploi du temps durant le génocide. Le portrait qu’ils ont dressé est celui d’un fils dévoué à l’entreprise familiale.

Mais certains témoins de la défense n’ont guère convaincu le juge de la Cour supérieure du Québec André Denis qui a déclaré avoir identifié «de grands pans de témoignages» qu’il ne retiendrait pas dans son jugement car «pas pertinents».

Le magistrat a eu six mois pour préparer son jugement, qui devrait faire plus de 800 pages. S’il condamne M. Munyaneza, Me Perras a l’intention d’interjeter appel, ce que devrait vraisemblablement faire la Couronne (ministère public) en cas d’acquittement.

REUTERS | 20.05.2009 | 23:14
Le gouvernement italien a accusé les juges chargés d'une affaire de corruption impliquant Silvio Berlusconi d'avoir voulu délibérément nuire à son parti en vue des élections européennes du 6 et 7 juin. /Photo prise le 12 mai 2009/REUTERS/Amr Abdallah DalshROME (Reuters) – Le gouvernement italien a accusé les juges chargés d’une affaire de corruption impliquant Silvio Berlusconi d’avoir voulu délibérément nuire à son parti en vue des élections européennes du 6 et 7 juin.

Le tribunal de Milan a diffusé mardi un document justifiant la condamnation en février de l’avocat britannique David Mills. Le document indique que Mills, reconnu coupable d’avoir accepté un pot-de-vin de 600.000 dollars en 1997, a livré un faux témoignage pour protéger Berlusconi et le groupe qu’il dirige, Fininvest.

Berlusconi n’était pas président du Conseil à l’époque des faits, mais l’était durant le procès. Tout comme Mills, il rejette les accusations et a fait appel du premier verdict. Berlusconi, en outre, dit ne pas se souvenir d’avoir jamais rencontré Mills.

“A deux semaines des élections européennes, le président du Conseil est la cible d’une attaque politique bien minutée”, a accusé le porte-parole du gouvernement, Paolo Bonaiuti, sur le plateau d’une émission télévisée.

Les documents présentant les motivations d’une condamnation doivent être diffusés dans les trois mois en Italie, mais ce délai varie en fonction de la charge de travail des tribunaux et de la complexité de l’affaire.

Depuis mardi, plusieurs membres du Peuple de la liberté, le parti de Berlusconi, ont accusé les juges d’avoir voulu interférer avec la campagne politique.

Berlusconi lui-même a estimé que le juge qui instruit l’affaire, Nicoletta Gandus, était son “ennemi politique”, un “militant très actif d’extrême gauche” qui a, naguère, participé à des manifestations contre lui. Ces déclarations écrites ont été rendues publiques mercredi par des collaborateurs du président du Conseil.

Les sondages créditent le Peuple de la liberté d’une large avance sur le Parti démocrate pour les européennes, avec respectivement 41% et 26% d’intentions de vote.

Philip Pullella, version française Gregory Schwartz et Eric Faye

Sur la route de Limoux à Carcassonne, cette collision frontale avait fait un mort le 6 mars 2008, un Arzenois de 25 ans se rendant à son travail.

Malgré leurs efforts, les secours n'avaient pas pu sauver Ludovic Molinier, décédé dans l'hélicoptère qui le transportait vers l'hôpital de Rangueil. Photo DDM, archives.

Malgré leurs efforts, les secours n'avaient pas pu sauver Ludovic Molinier, décédé dans l'hélicoptère qui le transportait vers l'hôpital de Rangueil. Photo DDM, archives.
Malgré leurs efforts, les secours n’avaient pas pu sauver Ludovic Molinier, décédé dans l’hélicoptère qui le transportait vers l’hôpital de Rangueil. Photo DDM, archives.

C’est une situation que beaucoup d’entre nous auront vécue dans leur vie d’automobiliste: une file de véhicules ralentie brusquement par un tracteur sur une route nationale, et un dépassement qui se termine mal. L’accident de Couffoulens, sur la route de Limoux à Carcassonne au matin du 6 mars 2008, et qui aura coûté la vie à Ludovic Molinier, un Arzenois de 25 ans qui se rendait à son travail de magasinier dans un garage de Limoux, est certainement dû à un ralentissement. C’est là une des rares certitudes d’un dossier dont le jugement a été mis en délibéré au 17 juin prochain. Avec celle que le jeune homme n’y est pour rien, et qu’il n’a rien vu venir. Deux conducteurs, qui circulaient en sens inverse, de Limoux à Carcassonne, sont mis en cause dans cet accident mortel: l’un, Sébastien Oberti, conduisait la camionnette de l’entreprise de maçonnerie dont il est toujours le chauffeur, un Iveco couplé à une remorque transportant un groupe électrogène. L’autre, Jean-François Gayrard, agent hospitalier à Limoux, venait de le dépasser au volant d’une Fiat Punto. Le premier, prévenu d’homicide involontaire, accuse le second, qui comparaissait hier pour mise en danger de la vie d’autrui, de lui avoir fait une queue de poisson, l’obligeant à bloquer les freins de la remorque, et à perdre le contrôle de sa camionnette pour aller percuter la VW Golf de l’infortuné Ludovic Molinier. Une version contestée par l’automobiliste, qui assure s’être rabattu normalement, et avoir eu la place de le faire. L’enquête de gendarmerie, sur la base des déclarations des témoins, pointera le caractère dangereux de ce dépassement, sans le prouver. L’avocate de la partie civile, anticipant une plaidoirie de relaxe qu’elle jugerait «indécente», s’attachait à démontrer un lien de causalité direct entre le dépassement et l’accident: «On ne pile pas si on n’y est pas contraint et si l’un n’avait pas doublé, l’autre aurait eu le temps de freiner». Le ministère public, quant à lui, évoquait «la simultaneité entre le dépassement et l’accident».Pour la défense de Sébastien Oberti, Me Fermond insistait également sur cette manœuvre perturbatrice: «Le seul responsable, c’est bien Jean-François Gayrard, pas mon client». Me Bourland défendait le sien de client, en expliquant que «c’est bien le ralentissement de la file qui est à l’origine du défaut de maîtrise de son véhicule de Sébastien Oberti». Les deux en tout cas ont manifesté leurs regrets lors de cette audience.

Pascal Charras

REUTERS | 21.05.2009 | 18:06

WASHINGTON (Reuters) – Un militant présumé d’Al Qaïda, impliqué dans l’attentat à la bombe contre l’ambassade des Etats-Unis en Tanzanie en 1998 et détenu à Guantanamo, va être traduit devant un tribunal de New York, annonce le département américain de la Justice.

Ahmed Khalfan Ghailani, accusé d’avoir fourni matériel et assistance dans cet attentat, est le premier détenu de la base américaine de Cuba à être traduit devant la justice civile.

“En poursuivant Ahmed Ghailani devant un tribunal fédéral, nous nous assurons qu’il aura enfin à répondre de son rôle présumé dans les attentats contre nos ambassades de Tanzanie et du Kenya”, déclare dans un communiqué l’Attorney General (ministre de la Justice) Eric Holder.

“Ce gouvernement s’est engagé à protéger le peuple américain et à faire respecter l’Etat de droit. En fermant Guantanamo et en faisant comparaître ses détenus devant la justice, nous rendons notre pays plus fort et plus sûr.”

Quelque 240 prisonniers sont actuellement détenus dans la prison de Guantanamo, créée après les attentats du 11 septembre 2001.

286 CHEFS D’INCULPATION

Le président Barack Obama a décidé de fermer la prison à la fin de janvier 2010 et le gouvernement américain travaille à une solution pour leur transfert dans d’autres établissements pénitentiaires.

Plusieurs sénateurs s’opposent au transfert des détenus de Guantanamo aux Etats-Unis, estimant qu’une telle mesure mettrait le pays en danger, même s’ils sont incarcérés.

Obama tentera d’apaiser ces inquiétudes dans la soirée de jeudi par un discours détaillant les moyens qu’il compte mettre en oeuvre pour en finir avec ce centre de détention particulièrement controversé.

De nationalité tanzanienne, Ghailani a été arrêté au Pakistan en 2004. Il fait partie d’un groupe de 14 “détenus de grande valeur” transférés à Guantanamo en septembre 2006, à partir de prisons secrètes de la CIA.

Il a été inculpé une première fois à New York dès 1998 pour son implication présumée dans l’attentat d’août 1998 contre l’ambassade américaine de Dar es Salaam.

D’autres inculpations, notamment pour l’attentat de Nairobi, se sont ajoutées depuis, et Ghailani doit désormais répondre de 286 chefs d’inculpation différents.

L’attentat de Tanzanie avait fait 11 morts et 85 blessés. Celui du Kenya, 213 morts. On accuse notamment Ghailani d’avoir participé à l’achat et au chargement des réservoirs de produits chimiques et des caisses d’explosifs utilisés à Dar es Salaam.

Selon les minutes d’une audience en 2007 à Guantanamo, il avait reconnu avoir livré ces produits et présenté ses excuses, mais avait assuré ne pas avoir alors su qu’ils serviraient à un attentat.

Tabassum Zakaria; version française Pierre Sérisier et Gregory Schwartz

AP | 20.05.2009 | 15:52

Le procès de 11 personnes inculpées après l’effondrement du toit d’un centre d’exposition, qui a fait 65 morts en janvier 2006 à Katowice dans le sud de la Pologne, s’est ouvert mercredi à Varsovie.

Le ministère public a mis en cause la mauvaise conception du toit, recouvert de neige au moment de l’accident, comme le principal élément à l’origine du drame. Les trois concepteurs du bâtiment font l’objet des accusations les plus lourdes, mise en danger directe d’autrui, et risquent 12 ans d’emprisonnement s’ils sont reconnus coupables.

Huit autres personnes, dont les membres du conseil d’administration du bâtiment, sont également poursuivis pour manquements à leurs obligations et négligences, encourant des peines de trois à huit ans de prison. Tous contestent les accusations à leur encontre. Le procès doit durer plusieurs mois, au moins jusqu’à janvier 2010. AP

LE MONDE Nantes – Correspondant

A l’énoncé du verdict de la cour d’assises d’appel de Rennes, jeudi 14 mai, Youssef Zouini, 25 ans, n’a pas souri. Il venait pourtant d’être acquitté. “Pourquoi devrais-je être soulagé ?, démarre sèchement le jeune Nantais. J’ai les nerfs, la haine. Je ne peux pas me réjouir pour quelque chose que je mérite. Ma liberté, je ne l’ai pas volée.”

M. Zouini a longtemps été soupçonné d’être impliqué dans le braquage d’un supermarché survenu à Nantes le 1er novembre 2004. Trois hommes, masqués et armés, ont séquestré dix-sept employés et raflé 45 000 euros. Rapidement interpellé, un des braqueurs a brouillé les cartes en lançant de fausses accusations. Interrogé par les policiers, M. Zouini, ancien camarade de classe du principal suspect, a eu du mal à se souvenir de son emploi du temps. “J’ai dit aux enquêteurs que je devais être chez ma petite amie de l’époque, je me suis trompé d’un jour.”

La machine judiciaire s’est mise en marche. En 2007, M. Zouini est condamné à dix ans de prison par la cour d’assises de Loire-Atlantique. Dans cette affaire, il a, dit-il, effectué “près de deux ans derrière les barreaux pour rien”.

A l’heure du braquage, M. Zouini téléphonait à son amie depuis son domicile. L’appel a duré plus d’une heure. La simple analyse de son portable aurait dû le mettre hors de cause. Son avocat de l’époque a demandé tardivement un supplément d’information, qui lui a été refusé. “Les investigations nécessaires n’ont été réalisées que quinze jours avant le procès en appel, sur insistance de mon nouvel avocat. Jusqu’alors, on me rétorquait que cette histoire de téléphone, c’était pour me fabriquer un alibi”, raconte-t-il aujourd’hui.

“COUPABLE IDÉAL”

A Rennes, Philippe Petitprez, avocat général, s’est rendu à l’évidence, requérant l’acquittement de Youssef Zouini. “La téléphonie le met totalement hors de cause”, reconnaît le magistrat, qui note : “Il y a eu une faiblesse dans le dossier d’instruction qui a été réparée avec ce verdict”. Pour Me Yvan Trebern, avocat de M. Zouini en appel, cette affaire est “l’illustration du dévoiement du principe de la présomption d’innocence. Pour faire acquitter Youssef Zouini, on a dû prouver son innocence alors que logiquement, la justice aurait dû rapporter la preuve de sa culpabilité pour le condamner”.

“Ni les enquêteurs ni le juge d’instruction n’ont bougé alors que je clamais mon innocence”, dénonce M. Zouini. Il en tire sa propre conclusion : “Je m’appelle Zouini, j’ai le teint bronzé. J’ai fait quelques conneries dans ma vie. J’étais un coupable idéal.”

En détention, M. Zouini a écrit plus de quatre cents courriers, réclamant en vain des vérifications complémentaires à chaque magistrat qui a vu le dossier passer entre ses mains. “Je ne faisais que cela : écrire, écrire, écrire”, dit-il, égrenant, au prénom près, identité et fonction des destinataires de ses lettres.

Au lendemain de sa première condamnation, il a tenté de se pendre. “Le chiffre 10 est marqué là, lâche-t-il en frappant son front. J’étais dans la geôle numéro 10 au palais de justice de Nantes juste avant le verdict de la cour d’assises. J’ai pris dix ans. Je ne supporte plus ce chiffre, il me donne envie de crier. Voilà. C’est plein de trucs comme ça qui restent de la prison. En plus des crachats, des coups et des humiliations.”

Indésirable dans certains quartiers nantais après cette affaire, il s’est fait rosser à deux reprises. “A Nantes, je suis tout le temps sur mes gardes. Je ne dors plus, je vais quitter la région.”

Il voudrait “obtenir des excuses pour tourner la page et pouvoir s’apaiser”. Il cite sans hésiter le code de procédure pénale : “Le juge d’instruction a pour devoir d’instruire à charge et à décharge.” Et il ajoute : “Dans mon cas, il n’y a eu que de l’acharnement.” Le plus dur, rappelle-t-il, “c’était d’être enfermé en n’ayant rien à se reprocher car le soir, en s’endormant, on n’a rien à regretter”.

Dans cette affaire de braquage, un autre homme, qui a effectué vingt-cinq mois de détention, a été acquitté. Des requêtes en indemnisation vont être déposées devant le premier président de la cour d’appel de Rennes. Chaque année, quelque 500 demandes de réparation des détentions injustifiées sont ainsi formulées.

Yan Gauchard

23 % des verdicts de cour d’assises font l’objet d’un appel

Appel Depuis le 1er janvier 2001, les décisions de cours d’assises peuvent faire l’objet d’un appel. Depuis, plus de 3 500 verdicts ont été frappés d’appel, soit un taux d’appel d’environ 23 %, selon une étude du ministère de la justice.

Acquittements L’analyse, par la chancellerie, de 1 048 verdicts rendus de 2003 à 2005 montre que dans 92 % des cas la décision sur la culpabilité n’est pas modifiée. Seulement 4,8 % des personnes condamnées en premier ressort ont été acquittées en appel (64 sur 1 262 condamnations). Les cours d’assises d’appel infirment plus facilement les acquittements. Sur 76 décisions d’acquittement, 43 ont été transformées en condamnations.

Peines Lorsque les condamnations sont confirmées, les peines sont allégées dans 37 % des cas, aggravées dans 31 %, identiques dans 32 %.
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La justice a raison de reconnaître ses erreurs Philippe Bilger

Bertrand Delanoë est sur la même longueur d’onde que le président sur au moins un sujet : le transfert du palais de justice de Paris. Le maire socialiste estime qu’il faut mettre en oeuvre «le plus rapidement possible» l’installation du tribunal de grande instance de Paris aux Batignolles (XVIIème), annoncée par Nicolas Sarkozy. Il a d’ailleurs écrit au Premier ministre François Fillon à ce sujet.

Dans un communiqué, le maire a précisé que dans ce courrier il indique «qu’il donne mandat à la directrice de l’urbanisme de la Ville de Paris pour mener les discussions techniques et faire aboutir le projet de Cité judiciaire décidé par le président de la République».

Il est prêt à modifier son projet initial

Selon un étude citée par Bertrand Delanoë, «il est possible de réorienter le projet de Clichy-Batignolles pour y installer le tribunal de grande instance, au prix de la modification du programme initial d’aménagement (reprogrammation et déplacement d’équipements publics, logements sociaux)».

Le TGI est actuellement installé dans l’île de la Cité. La nouvelle implantation, selon le maire, devra «faire l’objet d’une révision du PLU (plan local d’urbanisme) puisque le bâtiment dépassera le plafond des hauteurs aujourd’hui limité à 37 mètres».De plus, «la desserte en transports collectifs devra être améliorée, »la Ville de Paris et la région Ile-de-France attendant de l’Etat des réponses sur ces questions« (prolongation de la ligne 14 etc).

La première adjointe PS chargée de l’urbanisme Anne Hidalgo a récemment indiqué que le TGI sera implanté dans la ZAC Batignolles, en face du lycée Honoré de Balzac.

leparisien.fr

On savait le permis à points débattu au Sénat (1). Lundi, il s’est vu contesté jusque dans l’enceinte du tribunal de Châteauroux.

Tribunal de Châteauroux

P. est éleveur caprin dans l’Indre. Quatre jours par semaine, ce producteur sillonne la région pour vendre ses fromages de chèvre sur les marchés. Son compteur affiche 30.000 km chaque année. Autant dire que son permis, il y tient. Mais, une infraction s’ajoutant à l’autre, son capital conduite a fini par se tarir. Et le 22 juin 2007, la sous-préfecture du Blanc l’enjoint de restituer son permis, désormais invalidé faute de points. Ce que P. refuse catégoriquement.

Il avait refusé
de rendre
son permis

Les mois passent, l’éleveur continue de prendre le volant. Jusqu’au 23 février 2009, lorsqu’il se voit contraint de s’expliquer sur son refus à la gendarmerie de Mézières-en-Brenne. « Je n’ai pas voulu le remettre parce que j’en ai besoin pour aller faire les marchés », s’est défendu lundi l’éleveur à la barre. Pourtant à entendre son avocat Me Piquois, du barreau de Paris, l’affaire est nettement plus compliquée.
Selon lui, la comptabilité des points sur le permis de son client est contestable. A trois titres. « Tout d’abord, suite à un accident, les gendarmes l’avaient avisé qu’il lui serait retiré six points. Au final, cela s’est transformé en un retrait de huit points. » Puis suite à cet accident, l’éleveur avait dû repasser le code de la route.
Or au lieu de lui restituer douze points à l’issue de l’épreuve, l’administration ne lui en avait rendu que six, autant que pour un jeune conducteur. Un non-sens selon Me Piquois. « Mon client ne peut pas être considéré comme novice à partir du moment où cela fait vingt ans qu’il a le permis. »
Dernier objet de litige : suite à son stage de récupération de points à Blois, le permis de P. n’a été recrédité que de trois points au lieu de quatre. Conclusion : pour l’avocat parisien, le solde actuel de son client n’est en réalité pas de zéro mais d’un point. La défense demande donc l’annulation pure et simple de la décision de la sous-préfecture du Blanc.
Embarras du parquet : « Le sujet n’est pas de juger de la validité ou non du permis de conduire du prévenu – le tribunal n’en a d’ailleurs pas les moyens. Le sujet est que celui-ci ne s’est pas soumis à l’injonction administrative », déclare le procureur François Antona. Celui-ci demande donc au tribunal de reconnaître l’éleveur coupable et de le condamner à une peine de 500 € assortie partiellement d’un sursis.
Mais pour le défenseur, Me Piquois, le malaise est trop grand : « Entendre dire le gardien de la liberté individuelle que vous êtes, monsieur le juge, doit se soumettre à un formulaire informatique émis par une machine est tout simplement impossible ! »
Après en avoir délibéré, le tribunal a finalement condamné l’éleveur à une amende symbolique de 300 € dont 200 € assortis d’un sursis. Quant à évaluer son nombre réel de points, cette affaire relève désormais du tribunal administratif.

(1) Examinée le 7 mai au Sénat, la proposition de loi visant à frapper d’une contravention mais non plus du retrait d’un point jusqu’à un dépassement de 4 km/h de la vitesse autorisée a finalement été rejeté par la Chambre haute.

Camille Chatillon

DR
Selon la Prévention routière, 100.000 conducteurs voient chaque année, leurs permis invalidés faute de points.

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