L’Eglise de Scientologie joue gros à partir de lundi devant le tribunal correctionnel de Paris. Jugée en tant que personne morale aux côtés de sept de ses responsables pour “escroquerie en bande organisée” et “exercice illégal de la pharmacie”, l’Association spirituelle risque la dissolution en France en cas de condamnation. Lire la suite l’article

Alors que les ennuis judiciaires de membres de l’organisation, considérée comme une secte en France, ne sont pas inhabituels, les trois magistrats vont décortiquer pour la première fois les pratiques de l’Eglise de Scientologie-Celebrity Center et de la librairie SEL (Scientologie espace liberté) dénoncées par trois plaignants.

Le juge d’instruction Jean-Christophe Hullin -qui a ordonné le renvoi alors que le parquet réclamait un non-lieu pour l’Eglise de Scientologie- s’est notamment intéressé à l’usage de “l’électromètre”, un appareil vendu pour 4.800 euros aux adeptes et censé “mesurer les variations de l’état mental d’une personne et tirer ainsi des conclusions sur sa personnalité”. Le magistrat dénonce “un leurre destiné à donner un aspect scientifique à une opération qui n’a rien de tel”.

Mais l’instruction s’est également attaquée au nerf de la guerre, l’argent. L’Eglise de Scientologie, qui compte des adeptes aussi riches et célèbres que John Travolta ou Tom Cruise, a ainsi fait sienne une phrase de son fondateur, Ron Hubbard, qui a intimé aux dirigeants de son association: “Vous devez vouloir à tout moment contrôler chaque personne qui entre dans votre bureau, (…) dès cet instant jusqu’à l’étape finale de la signature du chèque”. Pour Jean-Christophe Hullin, cette attitude est révélatrice de l'”obsession” des scientologues pour le “rendement financier”.

Le procès intervient plus de dix ans après le dépôt d’une première plainte avec constitution de partie civile par une ancienne adepte en décembre 1998. La plaignante avait été abordée en mai 1998 à la sortie d’une station de métro par des scientologues. L’association lui avait d’abord proposé un test de personnalité, puis un rendez-vous pour en interpréter le résultat.

Au fur et à mesure, la jeune femme de 33 ans a dépensé 140.000FF (21.340 euros) en livres, cours de communication ou de “réparation de vie”, ainsi qu’en “packs de purification”. Pour cela, elle a dû contracter des prêts et vider ses comptes bancaires. Lorsqu’elle a réclamé la restitution des sommes, l’association a refusé, lui proposant la signature d’un protocole. Proposition qu’elle a refusée a son tour.

L’ordonnance de renvoi fait d’ailleurs une large place à ces pratiques de la Scientologie consistant non seulement à soutirer un maximum d’argent aux adeptes, mais également à les plonger dans un “état de sujétion”. Pour cela l’association vend notamment des “vitamines”, pratique qui a entraîné une plainte pour “exercice illégal de la pharmacie” par l’ordre des Pharmaciens.

Pour Me Olivier Morice, l’avocat des victimes, toutes ces pratiques découlent de la doctrine même de la Scientologie. Son contradicteur, Me Patrick Maisonneuve, l’avocat de l’Eglise de Scientologie veut bien admettre des dérapages individuels, mais réfute l’idée d’une escroquerie organisée. “La découverte d’un curé pédophile ne permet pas de mettre en cause toute l’Église catholique. J’attends de l’accusation qu’elle démontre que la Scientologie est une bande d’escrocs qui avait l’intention de l’être”, ose-t-il dans “L’Express” daté du 14 mai.

Le 17 mai 2002, le tribunal correctionnel de Paris a condamné pour la première fois en tant que personne morale la section francilienne de l’Eglise de Scientologie. Les juges avaient cependant refusé de dissoudre l’association. Le 28 juillet 1997, la cour d’appel de Lyon avait jugé que les associations regroupées au sein de l’Eglise de Scientologie étaient des “entreprises” ayant pour “objet” la “captation de la fortune des adeptes grâce à l’emploi de manoeuvres frauduleuses, caractérisant le délit d’escroquerie”. AP

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    Huit affaires criminelles sont inscrites au rôle de la prochaine session de la cour d’assises de l’Oise qui débute mardi matin. Outre trois dossiers de viol sur mineur, la cour entendra le 12 juin un ancien policier du commissariat de Beauvais, poursuivi pour avoir abusé sexuellement d’une jeune femme sur son lieu de travail.

    Pendant plusieurs années, la victime n’avait pas osé déposer plainte. Il avait fallu toute la pugnacité de son avocat, Me Delarue, pour aboutir au renvoi du policier retraité devant les assises à l’issue d’un long parcours juridique.

    Convoquée dans une antenne de quartier du commissariat de Beauvais, la jeune femme pensait qu’elle devait retirer un document ayant trait à sa demande de titre de séjour. Aujourd’hui, elle soutient avoir été violée dans le bureau du policier.

    Autre gros dossier de cette session, le 8 juin. La cour aura à juger une affaire de vol avec séquestration et acte de barbarie dans la région de Compiègne. Quatre accusés seront dans le box, deux détenus et deux libres sous contrôle judiciaire.

    La première audience, ce mardi 26, devrait se dérouler à huis clos, s’agissant d’un viol sur mineur par ascendant.

    PHNOM PENH (AFP) — Le tribunal spécial cambodgien parrainé par l’ONU et chargé de juger d’ex-responsables Khmers rouges a averti jeudi l’avocat français Jacques Vergès qu’il pourrait être écarté du procès s’il continuait à faire de l’obstruction.

    Me Vergès a reçu cet avertissement en liaison avec une audience le mois dernier de demande de mise en liberté de son client, l’ancien chef d’Etat cambodgien Khieu Samphan, au cours de laquelle les juges avaient empêché l’avocat de soulever des accusations de corruption à l’encontre de la Cour.

    Jacques Vergès avait affirmé que les accusations selon lesquelles des employés du tribunal auraient été forcés de verser des pots-de-vin pour obtenir ou garder leur emploi avaient miné l’autorité de la Cour et il avait aussi mentionné des remarques du Premier ministre cambodgien Hun Sen affirmant qu’il préférait voir le tribunal échouer plutôt qu’élargir la liste des suspects.

    L’avertissement jeudi de la Cour qualifie les affirmations de l’avocat de “non prouvées” et son langage “d’abusif et d’insultant”.

    Ces accusations “ne peuvent être tolérées” par le tribunal qui “a le devoir” de “préserver le décorum et la dignité nécessaires” à la bonne tenue des débats, indique l’avertissement qui accuse également Me Vergès de retarder sans cesse le processus.

    Lors d’une audience le mois dernier, l’avocat avait notamment affirmé au tribunal: “Je resterai silencieux parce que (Hun Sen) qui vous accueille a déclaré publiquement qu’il souhaite votre départ, faisant de vous des squatteurs, au sens moral du terme”.

    La Cour avait déjà délivré un avertissement à Jacques Vergès en avril 2008 lorsqu’il était sorti de ses gonds en affirmant que “toute la procédure” contre Khieu Samphan était “nulle” au motif que le dossier n’avait pas été intégralement traduit en français.

    Le procès de Kaing Guek Eav, alias “Douch”, ancien chef de la principale prison du régime ultra-communiste des Khmers rouges (1975-1979), a débuté en février, mais aucune date n’a été fixée pour la comparution de quatre autres accusés, dont Khieu Samphan.

    Jacques Vergès et Khieu Samphan, qui a étudié en France, s’étaient connus dans les années 1950 à Paris où ils fréquentaient tous deux les cercles marxisants du mouvement anti-colonialiste.

    Copyright © 2009 AFP. Tous droits réservés.

    Les déclarations de Daniel Sonnex, l’un des deux meurtriers présumés des deux étudiants français, évoluent. Il plaide coupable de cambriolage et de séquestration, mais nie toujours le meurtre

    Daniel Sonnex (ici au moment de son arrestation) rejette  la faute sur son coaccusé. (photo maxppp)
    Daniel Sonnex (ici au moment de son arrestation) rejette la faute sur son coaccusé. (photo maxppp)

    Juste un mois après l’ouverture devant les assises de l’Old Bailey du procès des meurtriers présumés de Laurent Bonomo et Gabriel Ferez, les étudiants français tués l’été dernier à Londres, le représentant de l’accusation, Me Crispin Aylett, va présenter aujourd’hui son réquisitoire.

    En terminant hier l’interrogatoire de Daniel Sonnex, 23 ans, l’un des deux accusés, qui était à la barre des témoins depuis quatre jours, il a donné à sa place la réponse à la question que se posent les parents de Gabriel et de Laurent, toujours présents à l’audience : pourquoi leurs enfants devaient-ils mourir pour une banale histoire de carte bancaire ?

    « Vous étiez furieux »

    « La réponse à cette question, monsieur Sonnex, est pathétique, a dit Me Aylettt. Ils sont morts parce que deux voyous, psychologiquement instables, sous les effets combinés de la drogue et de l’alcool, les ont tués par vengeance. Vous étiez furieux parce que le distributeur de billets avait avalé la carte de Gabriel, et vous pensiez qu’il vous avait donné sciemment un faux code. »

    Pendant quatre jours, Daniel Sonnex a présenté à la barre des témoins le même numéro – « c’est pas moi, c’est l’autre » – qu’a joué juste avant lui son coaccusé, Nigel Farmer, 34 ans. Tous deux se rejettent mutuellement la responsabilité des meurtres.

    Sonnex, comme avant lui Farmer, a dû répondre à quelques questions embarrassantes : « Êtes-vous quelqu’un qui peut froidement planter un couteau dans le dos d’un autre ? » « Oui », a-t-il rétorqué, contestant seulement avoir poignardé son adversaire dans le dos : il avait plaidé coupable dans cette affaire de mai 2002 – il avait 16 ans à l’époque – qui lui avait valu cinq ans de prison.

    Après sa sortie de prison, pour trouver un travail, il est allé pointer au Job. Mais il n’a pas insisté et a repris avec Farmer une vie de « burglary » (cambriolage simple) et de « robbery » (cambriolage avec violence, lorsque des victimes sont impliquées) qui leur permettait de vivre et d’acheter de la drogue.

    Il faut dire que la maison Sonnex, où Farmer était hébergé au moment des faits, était un des hauts lieux du banditisme local : le père a été condamné 47 fois, dont six à des peines de prison. Son frère aîné, Bernie, et sa soeur, Louise, sont aussi en ce moment détenus : le premier a été condamné 34 fois, dont 10 à des peines de prison, et la seconde est passée aux assises pour avoir défiguré une rivale dans un pub.

    Véhément

    Souvent véhément, au point que le juge a dû le rappeler au calme plusieurs fois, Sonnex a changé sa déposition originale en reconnaissant qu’il avait bien pénétré dans le studio de Laurent avec Farmer. Il a ligoté Gabriel pendant que Farmer maîtrisait Laurent. Pourquoi, puisqu’il prétendait avoir trouvé les deux étudiants gardés par Farmer dans un bain de sang lorsqu’il était revenu de son expédition pour aller chercher de l’argent avec leurs cartes bancaires, n’avait-il pas demandé à son complice ce qui s’était passé ? « He was hissing (il sifflait comme un serpent), il répétait “that’s naughty” (c’est mal) », a répondu Sonnex. « Et après, dans la journée, vous ne le lui avez pas demandé de nouveau ? » a insisté l’avocat.

    Apparemment, non. Les jurés apprécieront

    Auteur : Daniel Coulon
    à Londres

    C’est la troisième fois que le sexagénaire comparaissait devant la justice pour avoir abusé de mineurs. La cour d’assises l’a condamné, hier, à 12 ans de prison.

    Reste-t-on pédophile toute sa vie ? Guérit-on de cette déviance criminelle ? « J’ai conscience que je ne peux pas dire que je ne recommencerai jamais », concède l’homme d’une voix grave et claire.Alain Duchateau, 60 ans, ne se dissimule pas derrière la moustache broussailleuse qui barre son teint pâlot pour balayer sa crainte de « replonger ». Front légèrement bombé, calvitie rampante, l’ex-militaire qui s’exprime avec un vocabulaire choisi sait de quoi il parle.

    En 25 ans, c’est la troisième fois que cet habitant de Duneau comparaît devant la justice pour avoir abusé de mineurs ; 1984, 2006 et maintenant 2009. À chaque fois, et malgré les avertissements judiciaires, il a cédé à ses démons.

    Attirés chez lui par des cadeaux

    Les douze ans de prison auxquels la cour d’assises l’a condamné, hier, pour avoir abusé de quatre voisins âgés de 9 à 14 ans attirés chez lui par de l’argent, des cadeaux et autres jeux vidéos, l’empêcheront-ils d’abîmer de nouveau l’existence d’autres enfants ?

    « L’un des enjeux de ce procès est de savoir s’il va, ou non, récidiver », confirme Me Cornille, l’avocat de l’accusé qui assure que la thérapie récemment imposée par la justice, « m’a permis de comprendre que j’ai fait du mal. Je cherche maintenant à savoir pourquoi ? » C’est aussi ce que la cour d’assises a tenté de faire pendant deux jours.

    Des garçons et des filles

    Alain Duchateau court après sa jeunesse depuis qu’il a débarqué dans la vie sur les rives du Mékong. Né le 16 mars 1949 à Saïgon (aujourd’hui Ho-Chi-Minh-Ville), d’un père militaire ancien SAS pour de Gaule et d’une mère au prestigieux passé de résistante, il décrit une enfance asiatique heureuse.

    Une vie rythmée dès l’âge de 12 ans par des « relations sexuelles aussi bien avec des garçons que des filles », se souvient Alain Duchateau. Et puis il y a son premier amour avec cette Vietnamienne restée gravée dans son coeur.

    « C’est sûr. J’ai dû sublimer cette relation que j’ai toujours voulu retrouver à travers les femmes avec qui j’ai vécues. Si je savais où elle habitait, j’essaierai de la chercher », raconte l’homme qui a regagné la métropole à l’âge de 16 ans.

    Un enfant parmi les enfants

    Ce mythe d’un âge d’or où la sexualité se vit sans tabou ni interdit suffit-il à tout expliquer ? Sûrement pas. « La pédophilie est un ensemble. Le pédophile a d’abord une mauvaise perception de la réalité », estime l’expert-psychologue Jadeck. « À l’époque des faits, confirme Alain Duchateau, je me voyais comme un enfant parmi les enfants. »

    L’accusé serait-il alors ce petit garçon à la sexualité ambiguë qui n’est pas parvenu à grandir ? Cet enfant écrasé par des figures parentales trop fortes qu’il n’a pas réussi à « tuer », au sens psychanalytique du terme. Les experts sont partagés. Mais tous sont d’accord pour pointer « le potentiel de récidive qui est de 30 à 35 % des cas quand il s’agit d’un homme qui abuse de petits garçons », indique le psychiatre Cozic.

    Des cadavres dans le placard

    D’ailleurs, avant de requérir 7 ans de prison contre l’accusé, l’avocat général s’inquiète : « Entre 1984 et 2006, y a-t-il eu d’autres victimes ? Dans les années à venir, va-t-on trouver d’autres cadavres dans le placard ? », lui demande Sébastien Colombet. « Je ne pense pas », répond Alain Duchateau. « Votre réponse m’inquiète », rétorque le magistrat qui l’interpelle : « Vous n’êtes qu’au début de votre travail. Allez beaucoup plus loin sinon il y aura d’autres victimes. Vous donnez des gages par la parole. Restent les actes ! »

    Igor BONNET.
    Ouest-France

    « Ce n’est pas moi ! » : le jeune prévenu le clame à la barre du tribunal correctionnel, lundi après-midi.
    Il fait opposition à un jugement qui l’a condamné à six mois d’emprisonnement pour vol en réunion avec destruction et dégradations.
    Le 5 mai 2007, une dame porte plainte auprès du commissariat de police de Béziers. Elle vient de constater un vol à la roulotte. On a forcé sa Peugeot 206, garée en ville, et emporté son sac à main avec sa carte d’identité, sa carte bleue, sa carte d’électeur, son permis de conduire, 200€ d’argent liquide… Et plus embêtant, un jeu de clefs de sa voiture.
    Quatre jours plus tard, des voleurs entrent par effraction chez elle à Maureilhan, en son absence, en donnant un coup de pied dans la porte d’entrée.
    Ils emportent bijoux, 4 000€… Et la voiture Peugeot 206 dans le garage. Les gendarmes retrouvent à proximité, une vieille Fiat abandonnée. A l’intérieur, le sac à main de la propriétaire et des cannettes de bières. On les récupère et on analyse les traces d’ADN relevées.
    Elles sont déjà inscrites au fichier national. Et appartiennent à trois hommes, dont le jeune prévenu, tous défavorablement connus des services de police.
    Parallèlement, les policiers ont enquêté sur la Peugeot 206, Revendue à plusieurs reprises. On remonte de nouveau à ces trois suspects, des cousins…Et on leur impute à tous les trois d’autres cambriolages. A Lignan, le 8 mai 2007, le vol de deux voitures et de leurs cartes grises ; le 15 mai à Aigne, le vol d’un téléviseur, d’une chaîne en or et autres bijoux.
    « Je ne sais pas comment cette cannette s’est retrouvée dans la voiture mais j’y étais pas », persiste le jeune prévenu.
    Son casier judiciaire porte deux mentions, pour violence en 2007 et fabrication de fausse monnaie en 2008.
    Le vice procureur Raoul Deslandes demande la confirmation du premier jugement : « On a retrouvé la trace de cette voiture qui est signalée chaque fois sur les différents lieux de vols ; comment cette cannette avec l’ADN du prévenu s’est retrouvée dans ce véhicule ? Le prévenu a glissé sa cannette dans la poche de son cousin… Quoi de plus logique », ironise le Parquet.
    « Peut-être mon client est-il monté dans cette voiture mais il ne savait pas qu’elle était volée. D’ailleurs, elle est passée de mains en mains, revendue chaque fois. » Me Moles plaide la relaxe du prévenu.
    Le tribunal a écouté les arguments de la défense et relaxé le prévenu au bénéfice du doute.

    Compte-rendu d’audience Annick KOSCIELNIAK

    PAR MARC GROSCLAUDE

     Me Delarue est l'avocat d'Ali Boulahfa, considéré comme « l'ennemi public numéro1». PHOTO ÉMILIE DENIS Me Delarue est l’avocat d’Ali Boulahfa, considéré comme « l’ennemi public numéro1». PHOTO ÉMILIE DENIS

    | COUR D’ASSISES DU NORD |

    Quatorze banques de la région ont été braquées, entre 2002 et 2004. Sept Roubaisiens ont été jugés pour ces faits, pendant trois semaines, par la cour d’assises du Nord. Elle doit rendre son verdict cet après-midi.

    L’ambiance a été lourde, tout au long de ce procès. Lourde, surtout, du fait de la personnalité d’un des principaux accusés : Ali Boulahfa, encadré trois semaines durant par une impressionnante escorte. «  Il n’est pas innocent de tout, mais de quoi est-il coupable ?», a demandé Me Hubert Delarue, son avocat. Coupable, comme l’a martelé Dominique Hoflack, l’avocate générale, d’avoir été le chauffeur des véhicules de fuite et l’instigateur de neuf des vols à main armée ? Ou peut-être d’avoir été condamné pour avoir blessé par balle un policier à Roubaix, en octobre 2003.

    « Grands criminels »

    Une affaire qui doit être jugée en appel et à laquelle chaque jour il a été fait allusion. «  L’instruction a été scandaleuse », a martelé Me Delarue, refusant que son client soit jugé «  pour l’ensemble de son oeuvre ». Trente ans de prison, dont une peine de sûreté des deux tiers, ont été requis contre lui.

    Le point de départ de cette série de vols à main armée est Mustafa Nachat. L’accusation a demandé vingt ans de prison à l’encontre de celui qui a reconnu tous les faits dont on l’accuse. À la barre, des policiers ont reconnu que, par ses aveux, il avait sorti de l’impasse nombre d’enquêtes sur des attaques de banques. C’est l’une des «  lueurs d’espoir » qu’entrevoit son avocat, Me Frank Berton, pour espérer une relative indulgence du jury.

    En 2002, brisé par une affaire de braquage en Bretagne dont il ressort blanchi, Mustafa Nachat tombe dans le banditisme un peu par bravade et agit à visage découvert. Dans les agences bancaires, c’est «  l’état de guerre ». En 2004, il se serait «  mélangé » à d’autres Roubaisiens : Ronald Ramet, connu pour des affaires de violences et de stupéfiants, mais aussi Karim Oulmi, Mohamed Nachat (son frère), Rachid Belkacmi et donc Ali Boulahfa.

    Ils seront emportés, a expliqué l’avocate générale, par «  la fièvre et l’exaltation des grands criminels qui peuvent agir en toute impunité et que rien n’arrêtera ». La violence a souvent émaillé ces vols à main armée. Au-delà du préjudice, plus de 350 000 E, «  ils ne s’attaquaient pas à des banques mais à des hommes », a affirmé Me Emmanuel Riglaire, avocat d’une soixantaine de parties civiles. Violence aussi lors des vols de voitures destinées à assurer la fuite. Violence, enfin, quand, après le braquage de Cassel, le 11 mai 2004, des policiers belges essuient des coups de feu.

    Le 2 juillet 2004, on arrête en Belgique Mustafa Nachat, Ronald Ramet, puis Ali Boulahfa. On entrevoit alors la complexité de l’organisation que les braqueurs auraient mise en place, entre les hôtels belges pour le repli et la fourniture des armes de guerre. C’est ce qu’a exposé à l’audience un policier chargé de l’enquête lors d’une audience tendue. Une vision du banditisme nordiste avec, une fois encore, Ali Boulahfa en filigrane de ce récit. Plus encore que pour ses six co-accusés, s’il est condamné cet après-midi, la peine qui lui sera infligée sera lourde de sens.

    vendredi 22.05.2009, 04:47 – P