Ahmad O. est condamné à perpétuité pour le meurtre de sa sœur Morsal

La chambre correctionnelle 21 de la cour d’assises de Hamburg a tranché : Ahmad-Sobair O. n’est pas un meurtrier, mais l’exécutant d’un code de l’honneur archaïque. Le jugement prononcé vendredi a donné lieu à une vive agitation dans la salle d’audience du tribunal.

Le procès à l’encontre de cet allemand d’origine afghane de 24 ans, ouvert le 16 décembre, s’est clôturé dramatiquement hier. Un accès de fureur de l’accusé – O. n’était apparemment pas préparé à cette dure condamnation « à perpétuité ». « Fils de pute », rugit-il à l’attention du procureur de la République Boris Bochnick à l’issue de l’audience. « J’encule ta mère ! » ? Le jeune homme a complètement perdu le contrôle, agitant les bras et balançant les documents de son avocat dans la salle, jusqu’à ce qu’il soit finalement maîtrisé par trois officiers de police et emmené.

Ahmad O. devait répondre d’une agression mortelle au couteau sur sa sœur de 16 ans, Morsal. Selon l’accusation, il lui aurait tendu un piège dans un parking du quartier St Georg d’Hamburg le 15 mai de l’année dernière et tuée de 23 coups de couteau. Son motif : il désapprouvait son style de vie libre.
La psychiatre Marianne Röhl, a certifié qu’Ahmad O. présente des troubles majeurs de la personnalité

Au cours des dix jours d’audience du procès, 27 témoins ont été entendus. Après la récusation d’un expert pour cause de suspicion, un autre expert, la psychiatre Marianne Röhl, a certifié qu’Ahmad O. présente des troubles majeurs de la personnalité, entraînant une responsabilité pénale amoindrie.

Lors de son plaidoyer chargé d’émotion, le procureur de la République Bochnick a évoqué la semaine dernière un « meurtre planifié », évoquant pour lui « l’obscurantisme médiéval ». La défense le voyait quant à elle d’un autre œil : d’après l’avocat Hartmut Jacobi, son mandant aurait agi sous le coup de l’émotion et seul un chef d’homicide involontaire devrait par conséquent être retenu contre lui. O. s’est tu pendant tout le procès. À la surprise générale, il a utilisé hier son droit de parole pour avoir le dernier mot : « Je n’avais pas prémédité de la tuer – je suis désolé », assura-t-il avec des sanglots dans la voix.
La chambre correctionnelle ne le croit pas et estime qu’il s’agit d’un « acte planifié infâme et machiavélique qui s’est terminé dans un bain de sang », a déclaré le président Wolfgang Backen lors de ses attendus du jugement de 60 minutes. « L’accusé a tué Morsal par pure intolérance », d’après le juge. Cette jeune fille heureuse de vivre aurait subi un « martyre d’une année » avant de mourir et aurait été battue et menacée par l’accusé, car elle voulait vivre comme ses amies allemandes. « C’était une femme, ce fut là son malheur. » La famille porte également une « grande part de culpabilité morale ». Ses membres ne se sont pas intégrés en Allemagne et vivent plutôt dans une « colonie afghane » selon les « codes de leur pays natal ».
Les membres de la famille pleuraient et criaient. « Vous ne connaissez donc aucune justice »

La défense souhaite se pourvoir en cassation. « Le jugement est défectueux », a déclaré Thomas Bliwier. « Le tribunal n’a pas tenu compte du rapport d’expertise certifié de madame Röhl et a adopté l’opinion d’un expert récusé pour suspicion. Le porte-parole du ministère public, Wilhelm Möllers récuse toutes les critiques. Pour lui, il est tout à fait admis et courant de ne pas tenir compte de rapports d’expertise. Les parents et amis de l’accusé ont été consternés par le verdict et la salle d’audience a été ici et là secouée par une vive agitation. Les membres de la famille pleuraient et criaient. « Vous ne connaissez donc aucune justice » sanglotait la mère d’Ahmad. Son plus jeune frère a dû quitter la salle après avoir tambouriné sur la cloison de séparation en verre de la salle réservée au public avec ses poings.

Dans le public, des cris de joie se sont mêlés aux cris vindicatifs de la famille. « Le verdict est encore trop clément », déclara un retraité qui ne cachait pas son opinion, « Dans un autre pays, il aurait été pendu ». Heidemarie Grobe, porte-parole de « Terre des Femmes », trouve ce genre de « débordements » scandaleux. Elle salue toutefois un verdict « orienté vers l’avenir ». « J’espère que d’autres jeunes femmes auront le courage de mener une vie libre ».

De Susann Witt-Stahl, Hamburg
Traduction Corinne Boutry

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