Ce garçon est un roc, buté et muet. Devant la cour d’assises des Deux-Sèvres,
il a mis longtemps avant d’avouer qu’il était bien l’auteur d’un viol.
E st-ce que vous l’avez violée, oui ou non ? lui demande calmement, mais fermement, le président Jean-Louis Cleva. Combien de fois a-t-il posé la question en ce premier jour du procès à Julien Couturier ? Cou de taureau, épaules de rugbyman, le ventre rebondi – il avoue mesurer 1,93 m et peser 132 kg – ce garçon est impressionnant et timide à la fois. Sa famille est venue dire que ce n’était pas un violent, des experts ont parlé de « troubles psychotiques » et de « difficultés relationnelles », un policier a raconté par le détail des faits qu’il a reconnus et signés, et voilà qu’il avoue n’avoir rien fait, sinon volé un portable à une quinquagénaire niortaise.
Une convocation à la gendarmerie
Mais quand le président lui pose pour la énième fois la question, il craque. Ce colosse se cache le visage dans les mains, et d’une voix à peine audible murmure « Oui, je l’ai violée ». Il s’assied et reste longtemps prostré. Plus tard, il avouera : « Je n’arrive pas à le dire parce que cela me fait peur, parce que j’ai honte… ». Que s’est-il passé ? Dans la soirée du 22 janvier 2008, convoqué par la gendarmerie pour exhibition sexuelle, Couturier préfère se saouler dans un bar de La Crèche. Dans un état éthylique avancé, il est emmené à l’hôpital de Niort d’où il s’enfuit « par peur des perfusions ». Et rentre chez lui à pied.
“ Je suis incapable de faire cela ”
C’est alors qu’il croise une femme seule, sortie promener son chien non loin de son domicile. Il l’aborde pour lui demander un peu d’argent. Elle refuse. Il insiste. Et lui demande s’il peut l’accompagner. Elle suit son chemin. Il fait noir et l’endroit est désert. Couturier veut « un bisou ». Nouveau refus. Que s’est-il passé ? « Je ne me rappelle plus, je ne sais plus ce que j’ai fait » dit-il en hésitant. Les faits sont pourtant avérés. Il la gifle violemment et la couche sur le sol. Elle perd connaissance. Il la viole. « Je suis incapable de faire cela » répond-il au président qui le presse de questions. « Il n’y a aucune preuve sur mon dossier… ».
Un signalement précis de l’agresseur
Laissant sa victime ensanglantée à terre, il s’enfuit avec son portable. Et, pour une raison qu’il ne s’explique pas, il prend un numéro au hasard et téléphone en pleine nuit. A des amis de cette femme. Deux appels successifs « avec une voix qui fait peur » et surtout des menaces de mort. Le jeune couple, qui vient témoigner, se demande qui peut bien être au bout du fil et qu’est-il arrivé à leur amie. Celle-ci, traumatisée par ce qui vient de lui arriver, rentre chez elle en pleurs et en sang. Ce n’est que le lendemain qu’elle se fera hospitaliser pour des blessures au visage qui lui vaudront quatre mois d’ITT. Ayant pu donner un signalement assez précis de son agresseur, et le portable ayant été jeté le long de la voie ferrée, les policiers ont vite fait le rapprochement avec Julien Couturier qui ne s’est pas présenté pour exhibition sexuelle et qui s’est échappé de l’hôpital.
Quand les gendarmes se présentent à son domicile, il reconnaît les faits. Et s’il se ravise plus tard, c’est aussi par crainte de ses parents…
Aujourd’hui, la cour d’assises, siégeant à Parthenay, entendra les plaidoiries et le réquisitoire avant que le jury ne rende son verdict.
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