La cour d’assises du Morbihan a acquitté, hier, un quinquagénaire accusé de viols, en 1993, sur une fillette de 10 ans. L’absence de preuves, le témoignage tardif et imprécis de la victime, plus la plaidoirie de son avocat ont joué en sa faveur.
Tous en convenaient, hier, dans la salle de la cour d’assises de Vannes: pour les jurés, la «tâche» ne s’annonçait pas «facile», pour reprendre les mots de Thierry Lebéhot, l’avocat général. Ils ont dû trancher, «faire la balance» entre les déclarations de la partie civile ou des témoins, et les avis des différents experts qui ont défilé à la barre en deux jours. Il leur aura fallu autant d’heures de délibération: l’accusé, natif de Séné et âgé de 53 ans, a été relaxé, lui qui était poursuivi pour viols commis, en 1993, par un ascendant ou une personne ayant autorité sur la victime, à savoir une fillette âgée alors de 10 ans, régulièrement gardée par les parents du quinquagénaire (Le Télégramme d’hier).
L’avocat ose un parallèle avec l’affaire Outreau
L’acquittement, c’est justement ce que craignait le conseil de la partie civile, Me Anne Boniface-Le Roy. L’avocat général, lui, avait requis de huit à dix années de réclusion criminelle, balayant d’un revers de main la théorie du complot développée par le mis en cause, jeudi. En défense, Me Alain Guilloux ose d’emblée un parallèle entre l’affaire de l’accusé et celle d’Outreau, à l’origine d’un tremblement de terre au sein de la justice française, qui atteindra son paroxysme fin 2005. Tout ça parce que des «experts très savants avaient jugé» que les témoignages des enfants s’avéraient «crédibles, croyables, donc vrais». C’était faux.
Des révélations tardives, donc «bizarres» ?
Sa plaidoirie est sans appel: «La moisson dans le grenier de l’accusation» n’a ramené que des «bricoles. Les faits sont invraisemblables: dans ce dossier, il n’y a rien!». Son client, ce «personnage extrêmement intéressant», dixit Thierry Lebéhot, a un penchant pour l’alcool? MeGuilloux s’adresse aux jurés:«Est-ce que tous les alcooliques du Morbihan sont des pédophiles, puisqu’il faut appeler un chat un chat?». L’accusé se montre «dragueur», usant parfois de termes un peu «crus» envers la gent féminine? L’avocat considère qu’un humour à la Jean-Marie Bigard ne constitue pas un crime. Quant aux circonstances des révélations, dix ans après les prétendus viols, elles lui paraissent tout simplement «bizarres». La victime appréciera. Elle quittera la salle en pleurs, soutenue par ses proches, après l’intervention du plaideur. Comme si elle avait déjà compris…
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