Le Progrès

Jugé devant la cour d’assises du Rhône pour avoir provoqué l’explosion mortelle de Neuville, Christian Baise a expliqué pourquoi il a enflammé deux bonbonnes de gaz

Chrsitian Baise fait penser au héros du roman de Steinbeck « Des souris et des hommes ». Costaud, de « larges épaules tombantes », de solides mains de maçon, de petits yeux enfoncés, le crâne rasé et un cou enseveli sous une veste polaire, Christian, 36 ans, rappelle Lennie Small. Dans le comportement aussi : « Gentil », « naïf », simple d’esprit, « déficient intellectuel », mais pouvant entrer dans une fureur noire, au risque de semer la mort ou le chaos.evant la cour d’assises du Rhône pour avoir provoqué l’explosion mortelle de Neuville, Christian Baise a expliqué pourquoi il a enflammé deux bonbonnes de gaz.

Avec deux ou trois verres de whisky vite descendus ce soir du 26 novembre 2006, Christian a été pris d’une soudaine colère. Seul dans son appartement du 45 rue de la République à Neuville-sur-Saone, il dit avoir eu maille à partir avec ses voisins. De vives tensions grippent depuis plusieurs mois leur relation. « Je ne voulais tuer personne, je détestais mes voisins. Ils voulaient me faire hospitaliser, tout ça parce que je les critiquais et que je parlais tout seul chez moi », dit-il à la barre.

Christian est « perturbé » avoue sa sœur aînée Sylvie, des sanglots dans la voix. « Il a un QI plus faible que les autres ». « D’accord », reconnaît Véronique Escolano, l’avocate générale, « mais il pouvait se mettre en colère sans préavis. Etait-il une cocotte-minute qui pouvait exploser suite à ses problèmes intériorisés ? » Embarrassée, Sylvie finit par admettre que « oui, quand on abusait trop de lui, ça pouvait exploser ».

Ce jour arriva. Sur les dissensions avec ses voisins, Christian reprend de plus belle. « Ils ont comploté contre moi. J’avais peur qu’ils me fassent du mal. Ils m’ont parlé de m’enfermer ». « Quand vous entendez les gendarmes frapper à votre porte ce soir-là, qu’est-ce qui vous passe par la tête ? » lui demande le président Georges Cathelin. Pas un mot sur le banc de l’accusé. Puis cette réponse qui rompt le silence : « J’ai préféré me suicider plutôt que de me faire hospitaliser ».

A coups de marteau, il entame l’épaisse carapace de deux bonbonnes de gaz, puis approche la flamme d’une bougie. « Vous saviez que des gendarmes, venus pour le tapage nocturne, étaient derrière votre porte ? » « Oui ». « Vous pensiez à faire trois morts ? » « Non. Je voulais me suicider, je croyais que l’explosion allait se limiter à mon appartement », se défend-il.

La puissante déflagration rase le petit immeuble de trois étages. Christian est grièvement brûlé. Dans les décombres, on trouve trois corps, dont celui du gendarme Fabien Batista. « Il avait à cœur de faire son métier, on était là pour apaiser les esprits et pas se retrouver après coup dans une atmosphère d’attentat », a raconté hier le gendarme Marchand, rescapé de l’explosion.

Présenté par les experts psychiatres comme « angoissé », « paranoïaque », enclin aux « délires » et se sentant sans cesse « persécuté », Christian a bravé hier les familles inconsolables des victimes, en exprimant peu de regrets. « C’est pas moi qui ai fait tout péter. Il y a un complot d’une deuxième explosion », a-t-il lâché, provoquant la consternation des parties civiles.

Arnaud Guiguitant, Le Progrès

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