En 2006, il avait violemment frappé et aspergé d’essence son épouse sur son lieu de travail, allée Baco à Nantes

Un téléphone cassé, un marteau brisé, un sac à mains, une bouteille d’essence vidée, une poignée de porte maintenue fermée par du fil à linge… Et « du sang. Beaucoup de sang… »

Ces images, le capitaine de police de permanence le soir du 5 septembre 2006 ne les a pas oubliées.

Deux ans et demi plus tard, à la barre de la cour d’assises de Loire-Atlantique, l’officier se remémore la scène. L’agression s’était déroulée derrière la porte du local à poubelles d’un immeuble de l’allée Baco. Les tâches de sang conduisaient jusqu’au premier… Jusqu’au visage « tuméfié, déformé par les coups » d’une femme de ménage d’origine congolaise, âgée de 24 ans et enceinte de trois mois.

Au procès hier, la victime n’était pas là pour entendre l’accusé, son mari, le père de son petit garçon, varier une nouvelle fois dans ses déclarations. Reconnaître avoir cogné sa tête contre le poteau « trois ou cinq fois », l’avoir frappée « à coups de tête et de poings » alors qu’elle était au sol, et l’avoir « aspergée d’essence »… Mais nier avoir prémédité son geste. Ou voulu sa mort.

Ce soir-là, ce fils de commerçant aisé, arrivé en France en mai 2006, après seize mois passés à étudier l’informatique et l’anglais aux États-Unis, avait un billet de train en poche, pour la Belgique, pour une autre vie, et du boulot à nouveau, mais sans elle.

« Je voulais lui faire peur »

L’histoire de ce couple fraîchement marié au Congo (« de force » selon la victime) n’était plus vraiment belle. Après avoir « grandi ensemble au pays », ils étaient en train de se perdre. « Je voulais qu’elle me donne une seconde chance », répète-t-il. « Elle était enceinte et fatiguée. Je ne voulais pas la quitter. Mais elle a dit non. C’est là que j’ai perdu la tête… » Son casier judiciaire l’ignore, tout comme son frère venu assister au procès (la fratrie compte 17 enfants), mais le registre des mains courantes de Waldeck et sa compagne s’en souviennent : l’homme s’était déjà montré « insistant », « violent » même, dira-t-elle lors de ses auditions. Une semaine après le mariage, il avait jeté de l’essence sur elle. Six mois plus tard, à Nantes, il a recommencé. « Je voulais juste lui faire peur. Je n’avais ni briquet, ni allumettes. C’était moi que je voulais asperger… », répète calmement l’accusé, port altier, costard noir, chemise blanche.

Après l’agression, le médecin légiste a recensé une litanie de plaies sur le crâne, le cou, les poignets de la victime. Sa femme s’est vue notifier trois mois d’ITT.

Verdict aujourd’hui.

Anne-Hélène Dorison

NANTES

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