Tentative de meurtre ou de suicide ? Ludovic Dorin, 35 ans, est accusé d’avoir défenestré sa compagne. Il évoque un suicide raté…

«Dix jours avant qu’elle ne saute par la fenêtre, elle ne voulait plus m’adresser la parole. Ce soir-là (le 31 janvier 2004, NDLR), je voulais des explications, j’ai insisté. On venait de prendre un crédit sur 25 ans pour acheter une maison. Elle s’est enfermée dans la salle de bains, j’ai pris une petite cuillère pour forcer la porte, et en s’en allant elle a fait sa connerie », explique Ludovic Dorin, accusé d’avoir volontairement voulu donner la mort à sa compagne, Lætitia.
Problème : Lætitia a-t-elle pu seule sauter à travers le velux, ne laisser aucune marque sur le toit de son appartement au Petit-Quevilly et s’écraser en bas (le traumatisme la laissant hémiplégique), ou, comme elle le dit, a-t-elle subi une « propulsion » de son compagnon qui s’assimile à une tentative de meurtre ?
Un problème d’autant plus compliqué que, selon la présidente de la cour d’assises, la version de Ludovic Dorin comporte des « incohérences », que l’accusé lui-même « ne comprend pas » le geste qu’il attribue à son ex-compagne, que constatant que Lætitia venait de faire une chute 10 mètres l’accusé n’a pas appelé les secours « parce qu’elle ne se plaignait pas d’avoir mal », et qu’il s’est même endormi tandis que Lætitia, qui a décrit une scène autrement plus violente mercredi (lire notre précédente édition) lui « caressait les cheveux ». Le lendemain, les secours la transportaient dans un état grave avec une hémiplégie incurable…
La victime a-t-elle pu, seule, sauter au travers du velux de l’appartement ? « Non », estime Luc Châtaignier, expert et professionnel du bâtiment entendu hier par la cour d’assises. En prenant en compte la pente du toit, l’angle d’ouverture du velux, la hauteur de ce dernier, l’absence de traces de glissade sur le toit (quand bien même l’expert n’a été saisi qu’un an et demi plus tard), « l’hypothèse la plus probable c’est que la victime a été jetée de ce velux comme un javelot ».
Des conclusions aussitôt contestées par la défense, par les voix de Mes Robert et Noël, pour qui la tentative de suicide demeure une hypothèse plausible… Quand bien même, à l’époque des faits, Lætitia souffrait d’une fêlure du coccyx rendant ses déplacements difficiles ? Verdict demain.

Ludovic Dorin déclaré coupable

Jugé depuis mercredi par la cour d’assises de la Seine-Maritime, à Rouen, pour tentative de meurtre sur son ex et violences sur ses enfants, Ludovic Dorin a été reconnu coupable malgré ses dénégations et a donc été condamné à seize ans de réclusion criminelle, conformément aux réquisitions de l’avocate générale Myriam Vervier.

Les faits se sont produits dans la nuit du 30 au 31 janvier 2004 au Petit-Quevilly : Laeticia C. est passée par le velux de sa chambre à coucher vers 3h du matin. Sa chute d’environ dix mètres l’a rendue paraplégique. A l’issue de neuf mois d’hospitalisation durant lesquels Ludovic Dorin “ne l’a pas lâchée une seconde”, la jeune femme a repris la vie commune, avec toutefois quelques interruptions. Il lui a fallu un an et demi pour porter plainte : non, ce n’était ni une tentative de suicide, ni un accident domestique. Elle a accusé son ancien compagnon, “d’une jalousie maladive”, de l’avoir défenestrée.

L’instruction de ce dossier s’était soldée par un non-lieu, d’ailleurs réclamé par le parquet. Et ce n’est que suite à l’appel interjeté par la partie civile, représentée par Me Hugues Vigier, que Ludovic Dorin a été renvoyé devant la cour d’assises.

Ce chauffeur-routier âgé de 35 ans a été incarcéré hier soir. Il a désormais dix jours pour demander à ce que son affaire soit de nouveau jugée, devant une autre cour d’assises. Ce matin, ses avocats Mes Etienne Noël et Patrick Robert n’avaient pas encore pris de décision.

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